Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Investigation Financière Economique et Boursière
Investigation Financière Economique et Boursière
Publicité
Derniers commentaires
Archives
11 février 2010

Goldman Sachs UBS Crédit Suisse. La hausse de la part différée en actions dans les rémunérations améliore les résultats fin 2009

lLes résultats trimestriels fin 2009 de Crédit Suisse sont en baisse, ils le seraient encore plus sans l'effet Goldman Sachs. Estimation chiffrée de l'impact.

Et aussi en deuxième partie la suite concernant Crédit Suisse des effets d'une transaction avec une entité hors-bilan afin d'amortir sur plusieurs années des milliards de gains cumulés qui auraient déjà dû être passés en charge en 2009.

1) L'effet Goldman Sachs à Crédit Suisse.

Lors de la présentation de ses trimestriels à fin 2009, Goldman Sachs avait créé la surprise en annonçant une contribution positive des dépenses de rémunération de 0,5 milliards de dollars contre moins 16,7 cumulés sur 9 mois au 30 septembre 2009.

Le ratio de rémunérations sur les revenus (compensation and benefits over net revenues) était alors passé brutalement de 47 % à fin septembre 2009 à 35,8 % sur l'année 2009.

En conférence de présentation aux analystes financiers, une analyste avait posé la question de savoir si des actions avaient été octroyées aux salariés de Goldman Sachs, et le Directeur Financier avait répondu qu'il ne souhaitait pas aborder le sujet.

Consulter mes articles sur le sujet

21 janvier 2010 Have Goldman Sachs first three quarterly earnings in 2009 been understated ? Ratio of compensation and benefits to net revenues

et 25 janvier 2010 Un point sur les résultats du quatrième trimestre 2009 de Goldman Sachs, JP Morgan, CitiGroup, Bank of America et Morgan Stanley

Les choses se précisent.

D'abord avec UBS.

Consulter mon article du 10 février 2010 Les bénéfices trimestriels d'UBS de fin décembre 2009 proviennent de la hausse des rémunérations variables différées en actions. IFRS 2.

UBS annonce clairement le 9 février 2010 que l'accroissement de la partie différée en actions sous conditions des rémunérations a diminué les charges de rémunération comptabilisées au quatrième trimestre 2009.

Les dépenses de rémunération sous conditions non encore comptabilisées s'élèvent à 3,2 milliards de francs suisses fin 2009 (période moyenne de versement estimée à 5 années) contre 0,6 milliards fin 2008 (sur une période de 3,2 années).

J'ai montré dans l'article que la norme IFRS 2 permettait en fait dans le cas de paiement fondé sur des actions de ne pas respecter le principe de rattachement des produits et des charges à l'exercice.

Ensuite avec Crédit Suisse.

Le 11 février 2010, jour de la présentation de ses résultats, Crédit Suisse annonce que 40 % de la rémunération variable totale accordée pour 2009 « l'a été sous forme d'awards différés soumis à des critères de performance, ce qui pourrait entraîner des réajustements négatifs à l'avenir. » Sans fournir d'estimation chiffrée.

Comme Goldman Sachs globalement, Crédit Suisse indique même, pour sa Banque d'Investissement, qu'une provision négative (au total toutefois en banque d'investissement on a bien une charge négative fixe plus variable de 870 millions de francs suisses au 4 ème trimestre 2009) a été comptabilisée au quatrième trimestre 2009 en raison de la reprise de provisions liées à la performance constituées antérieurement.

Traduction, la politique d'accentuation de la distribution en actions différées soumises à condition et selon mon interprétation non comptabilisées en fin de période fait qu'à situation égale Crédit Suisse provisionne moins de charges de rémunération à la fin du quatrième trimestre qu'à la fin du troisième trimestre 2009. Alors que je ne pense pas que les traders ont accepté une baisse de leurs rémunérations globales, seulement le package a été modifié, et du coup en comptabilité des provisions antérieurement constituées sont reprises !

Toutefois les chiffres issus des rapports financiers de Crédit Suisse soulèvent des interrogations.

Dans son rapport financier, Crédit Suisse communique les rémunérations versées en 2009 et en 2008 au titre de la part basée sur les actions : 3 356 millions de franc suisses en 2009 (25 % du total versé) et 3 539 en 2008.

2 726 MCHF fin septembre 2009 et 2 404 MCHF fin septembre 2008. Donc près de 500 millions de moins le 4 ème trimestre 2009 relativement au 4 ème trimestre 2008. Jusque-là cela ne me pose pas de problème.

Mais Crédit Suisse estime à 1 875 millions de francs suisses les dépenses de rémunération non comptabilisées au 31 décembre 2009 au titre de la partie différée basée en actions sous conditions, avec une période moyenne de service requis de 1,4 années. C'était 2 365 MCHF fin septembre 2009 sur 1,9 années. Je n'ai pu retrouver le chiffre fin décembre 2008.

Je ne comprends donc pas trop que le montant fin 2009 soit si faible relativement à celui du trimestre précédent, puisque je croyais comprendre que la partie différée en actions (non encore versée) avait été accrue de manière conséquente au quatrième trimestre 2009 !

Tentons d'estimer l'impact sur Crédit Suisse sur les charges comptabilisées en 2009 de l'accroissement de la partie des rémunérations payables en actions sous conditions de manière différée, en appliquant le ratio cumulé à fin septembre 2009 de rémunération sur revenus à l'ensemble de 2009 et en comparant avec le réel 2009.

Dans les Compensation and Benefits, on ne retient que la ligne Salaries and variable compensation, information disponible dans le rapport financier :

Salaries and variable compensation (millions de francs suisses) :

2009 13 412, Q4 09 2 136 et donc au 30 septembre 11 276.

Net revenues (millions de francs suisses) :

2009 33 294, Q4 09 6 715 et donc au 30 septembre 2009 26 579.

D'où un ratio cumulé au 30 septembre 2009 de 42,4 % qui appliqué à 2009 donne 14,1 milliards de francs suisses, soit un écart de 0,7 milliards avec le réalisé 2009.

Précision, Crédit Suisse ne suit pas la norme IFRS 2 (cas d'UBS) sur le sujet puisqu'elle publie ses comptes selon les normes américaines FASB.

Malgré cet aspect favorable, les résultats de Crédit Suisse ont fortement diminué entre le troisième et le quatrième trimestre 2009.

2) L'impact du crédit propre à Crédit Suisse au quatrième trimestre 2009. Focus sur une titrisation hors-bilan suspecte.

Au deuxième trimestre 2009, Crédit Suisse avait effectué une transaction (du nom de FVOD) avec un conduit (multi seller commercial conduit) nommé Alpine Sécuritization Corp, conduit qu'elle administre, en lui prêtant 8 milliards de dollars.

La transaction avait pour objectif de réduire la volatilité liée aux spreads de crédit sur la dette de Crédit Suisse valorisée en juste valeur.

Le principe, amortir sur un peu moins de 6 ans les 6,8 milliards de francs suisses de gains avant impôt cumulés depuis fin 2007 par la valorisation de dettes de la banque à la baisse notamment en raison de l'élargissement des spreads de Crédit Suisse. Soit environ 0,3 milliards par trimestre pendant 5,8 années.

Consulter mon article sur le sujet : 22 octobre 2009 Crédit Suisse : lissage des charges issues du resserrement des spreads de crédit sur la dette de CS. Merci le Hors-Bilan !

Selon mes recherches, les autres grandes banques ont quant à elles comptabilisé quasiment entièrement les charges correspondantes puisque les spreads de crédit se sont normalisés au cours de 2009. En ce sens, il me semble que Crédit Suisse fait exception aux pratiques de place sur le sujet.

Au deuxième trimestre 2009, c'était 280 millions d'amortis, 269 au troisième et 272 millions de francs suisses au quatrième trimestre 2009.

La transaction FVOD génère des revenus chaque trimestre qui sont compensés par des pertes sur la valorisation en juste valeur de la dette vanille de Crédit Suisse :

Q2 2009 : - 3 744 (dette vanille) + 2 690 (FVOD) = - 1 054, soit - 774 en pertes en Corporate Center puisque -280 sont amortis.

Q3 2009 : - 646 (dette vanille) + 553 (FVOD) = - 93, soit 176 en gains en Corporate Center puisque -269 sont amortis.

Q4 2009 : - 738 (dette vanille) + 466 (FVOD) = - 272, soit - 12 en pertes en Corporate Center puisque -260 sont amortis.

La différence entre l'amortissement et les ajustements de valeur de la dette de Crédit Suisse en raison de l'impact des spreads de crédit sont imputés à la division Corporate Center.

Crédit Suisse indique que Alpine a les meilleures notations court-terme de Fitch Moody's et DBRS et A-1 de S&P. Les créances commerciales émises (commercial paper) sont de 14 jours en moyenne au quatrième trimestre 2009 et les actifs acquis en contrepartie sont des prêts à la consommation très bien notés (en moyenne AA). Des accords de liquidité contraignent la banque à racheter de tels actifs en cas d'insuffisance de liquidité ou de défaut d'un sous-jacent.

L'adoption de nouvelles méthodes comptables de consolidation US GAAP (amendements FASB de décembre 2009 ASU 2009-17) au 1er janvier 2010 résulte en la consolidation d'Alpine, ce qui réduit les bénéfices non distribués (retained earnings) de 2 milliards de francs suisses. Ils valaient 25,3 milliards de francs suisses au 31 décembre 2009. Les actionnaires apprécieront.

D'après Crédit Suisse, cela n'influerait pas sur le calcul du ratio Tier 1, les pertes sur juste valeur de la dette de Crédit Suisse étant exclues des calculs de ratios réglementaires. Soit.

A l'issue de la consolidation d'Alpine, les gains nets résiduels sur la dette de Crédit Suisse ne s'élèveraient plus qu'à 1,5 milliards de francs suisses.

Je ne comprends pas par quel tour de passe-passe le stock initial de 6,8 milliards amorti en 3 trimestres de 0,8 milliards et diminué via les retained earnings de 3 milliards (2 après impôt donc 3 environ avant) n'est plus que de 1,5 milliards, il devrait être de 6,8 - 0,8 -3 = 3 selon mes calculs.

Manque 1,5 milliards de francs suisses à expliquer dans l'amortissement !

Je m'étonne vraiment qu'aucun média ne se soit emparé d'un tel sujet qui non seulement illustre la poursuite des pratiques de titrisation hors-bilan et qui recèle également autant d'incongruité de traitement de place.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité