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Investigation Financière Economique et Boursière
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10 février 2010

Les bénéfices trimestriels d'UBS de fin décembre 2009 proviennent de la hausse des rémunérations variables différées en actions.

En fin d'article, également le décryptage de l'impact sur les comptes d'UBS du crédit propre au 4 ème trimestre 2009.

UBS a annoncé le 9 janvier 2010 un bénéfice de 1,4 milliards de francs suisses au quatrième trimestre 2009, après une perte de 0,5 milliards au troisième trimestre 2009.

Principalement parce qu'UBS a augmenté la partie variable différée des rémunérations qui n'est pas encore comptabilisée fin 2009.

Résultat, des charges de rémunération de 3,3 milliards de francs suisses au quatrième trimestre 2009 contre 4,7 au troisième. 1,4 milliards en moins.

En clair, les traders (pardon pour le gros mot, les opérateurs de marché), vont être rémunérés davantage en partie variable en actions, de manière différée.

Sauf que la norme IFRS 2 « Paiement fondé sur des actions » qui réglemente ce point présente la bizarrerie de considérer que l'existence de conditions d'attribution d'actions, comme une condition de service dans l'entreprise de 3 années par exemple, fait que la période d'acquisition des droits correspondants est de 3 années. La charge estimée sera amortie sur 3 ans, ce qui se passe pour UBS.

Ainsi, le trader envisage sa rémunération 2009 globalement, la partie variable en actions sous conditions ne lui est pas encore versée certes. Mais la banque ne comptabilise pas totalement pour autant fin 2009 cette composante.

UBS mentionne 3,2 milliards de francs suisses de dépenses de rémunération liées à des critères d'octroi accessoires (non-vested awards) non encore comptabilisées fin 2009 à amortir sur plusieurs années. Pas seulement au titre de 2009, mais également au titre d'années antérieures, UBS n'en fournit pas le détail. UBS évoque une période de 5 années en conférence de presse aux analystes.

Les montants à fin 2008 et fin 2007 étaient, selon les rapports annuels 2008 et 2007, respectivement de 0,6 (sur 3,2 années) et 1,9 (sur 2,1 années) milliards de francs suisses respectivement.

UBS réalise par conséquent d'une pierre deux coups :

1) la banque suisse prétend se conformer aux recommandations des régulateurs et aux pratiques de place ;

2) elle améliore ses résultats ; car elle espère ainsi restaurer la confiance chez ses clients afin d'endiguer la fuite continue des capitaux (56,2 milliards de francs suisses au quatrième trimestre 2009).

Au passage, pour certains clients, plus une banque se fait de la marge, plus c'est sur leur dos. Assez logique non ?

Bien pratique cette norme IFRS 2 qui permet de ne pas respecter le principe de rattachement des produits et des charges au même exercice dans des cas de paiements différés par actions.

Il faut savoir qu'au troisième trimestre 2009 le son de cloche était tout autre puisqu'UBS claironnait que des rémunérations variables liées à la performance plus importantes expliquaient l'augmentation des dépenses de personnel (4,7 milliards de francs suisses), reflétant la volonté de rémunérer davantage en cash ! Ce qui était à contre-courant des recommandations du G20 de septembre 2009.

On apprend également dans le rapport annuel 2008 qu'UBS a des trusts au bénéfice des employés utilisés pour des schémas de rémunération différée et d'arrangements de paiements en actions. De tels trusts sont consolidés si UBS les contrôle.

Et si de tels trusts permettaient aux traders de percevoir plus tôt en cash ce qui leur est envisagé en actions de manière différée ? Pourquoi recourir à des entités qui par définition sont moins contrôlées et monis transparentes que la société mère ?

J'aimerais bien connaître la teneur exacte de tels arrangements.

Au final, le niveau de distorsion créé dans les résultats du quatrième trimestre 2009 d'UBS (encore plus flagrant pour Goldman Sachs) peut donner une idée de l'importance possible des charges de rémunération qui pourraient être différées sur les comptes postérieurement à l'exercice 2009.

L'impact du crédit propre (own spread) à UBS au quatrième trimestre 2009. Décryptage (éventuellement compréhensible pour les initiés)

Le mécanisme de comptabilisation de gains ou de pertes de crédit propre provient de l'impact de certains éléments sur la détermination en juste valeur d'instruments de dette , comme le spread de crédit de la banque elle-même.

La période de crise financière qui a secoué les banques leur a ainsi permis de dégager des gains comptables jusqu'au premier trimestre 2009 parce que certaines de leurs dettes valorisées en fonction de leur spread de crédit (qui mesure le risque de défaut d'une banque et qui au cours de cette période augmentait) ont été minorées.

Inversement, avec le retour de la stabilité, les spreads de crédit des banques se sont resserrés, et les banques ont inversement comptabilisé des charges depuis le deuxième trimestre 2009 pour refléter la revalorisation de certains de leurs engagements.

Voilà pour le principe.

Pour rappel, l'article sur le sujet concernant Crédit Suisse : lissage des charges issues du resserrement des spreads de crédit sur la dette de CS. Merci le Hors-Bilan !

Place au cas UBS.

Au quatrième trimestre 2009, UBS indique, dans son communiqué de presse, avoir reclassé des charges liées au crédit propre (own credit losses) de la Banque d'Investissement en Corporate Center pour 0,7 milliards de CHF, en raison d'une modification de son approche dans le calcul du crédit propre des engagements en valeur de marché.

En page 23 dans son Quarterly Report Q4 09, UBS compare l'impact négatif du crédit propre de 24 millions de francs suisses (qui inclue l'impact positif du reclassement de 0,7 milliards de francs suisses pour la Banque d'Investissement) au quatrième trimestre 2009 à l'impact négatif du troisième trimestre 2009 de 1 436 millions de francs suisses.

Je ne vois donc pas en quoi les deux chiffres sont comparables, puisque le changement d'approche devrait également modifier le chiffre du troisième trimestre 2009 !

Le reclassement signifie donc, selon ma compréhension, que des charges trop élevées, pour 0,7 milliards de francs suisses, avaient été comptabilisées les trois premiers trimestres de 2009 dans la Banque d'Investissement.

UBS communique 0,9 milliards de francs suisses de gain de crédit propre cumulé résiduel à fin décembre 2009

Ce qui est cohérent avec les 2,7 milliards de CHF d'impact positif en 2007 et 2008 que j'avais recensés et les -1,9 sur les 9 premiers mois de 2009.

Pour 2009, l'impact cumulé des 3 premiers trimestres s'élevait à -2,0 milliards de francs suisses selon UBS.

C'est là où je ne comprends pas trop. Comment -2,0 (impact cumulé au 30 septembre 2009 pour 2009) + 0 (impact en banque d'investissement Q4 09) - 0,7 (impact en Corporate Center Q4 09) font -2,0 (impact cumulé selon UBS pour 2009) ?

Tout se passe comme si en fait UBS ne tenait pas compte de la charge de 0,7 milliards de dollars en Corporate Center.

Davantage de détails sont fournis dans la conférence de présentation aux analystes par le Directeur Financier John Cryan.

Les instruments financiers valorisés en valeur de marché sont des MTN Medium Terme Notes, ou titres à moyen terme, émis à Jersey (selon le Daf, « out of Jersey », s'agit-il d'une entité d'UBS basée à Jersey ou qui s'appelle Jersey ?). L'argent issu de tels titres serait utilisé dans la Banque d'Investissement et dans UBS plus généralement, mais reviendrait in fine dans la Banque d'Investissement. Jersey se couvrirait avec un swap.

Le Directeur Financier affirme que l'impact de ce changement sur le résultat d'UBS n'est pas significatif, juste - 6 millions de francs suisses.

Le crédit propre serait constitué de deux choses : le spread de crédit et l'effet volume. Les MTN changent de valorisation pour des raisons autres que le spread de crédit.

L'impact du resserrement des spreads de crédit a été de - 544 millions de francs suisses au quatrième trimestre 2009 (- 1 436 au Q3), auquel s'ajoute un effet volume de 520 millions, dont 37 millions de différence liée à la réallocation à la division Corporate Center. Mais le Directeur Financier s'embrouille dans ses explications puisque plus tard il affirme que l'effet volume est juste de 37 millions de francs suisses, mais qu'un effet trésorerie positif de 483 millions de francs suisses fournit in fine 24 millions de franc suisses.

Pour preuve de ce que j'avance, les déclarations en anglais du Directeur Financier :

version 1

« The impact of the tightening of our senior debt curve on the 24 million Swiss francs of reported own credit for Q4 was 544 million Swiss francs. The difference of 520 million Swiss francs was the volume effect and over 37 million Swiss francs of that was the result of the reallocation to the corporate center. And it's a bit complicating. »

d'où -544 + 520 (effet volume dont + 37) = - 24

version 2

« The impact in the quarter for our credit spread was 544 million Swiss francs negative, debit, ... And the volume effect was a credit, happened to be just 37 million Swiss francs. So the number would have been minus 507 million Swiss francs and it's in the accounts, it's there. It's just masked by the fact that an adjustment of 483 million Swiss francs as a credit, which comes in from the treasury, which is the net number 24 million Swiss francs. »

d'où -544 + 37 (effet volume) + 483 (effet trésorerie) = -24

Même le Directeur Financier avoue que c'est compliqué. Et ça l'est en effet.

Mais pour aller encore plus loin dans l'embrouillamini, le Directeur Financier s'en va expliquer l'effet de trésorerie de 483 millions de francs suisses, en indiquant qu'il y avait des erreurs de calcul lorsque les MTN sont défaits, en rapport avec le swap de couverture. La Banque d'Investissement n'aurait pas été suffisamment créditée par le passé et trop de résultat de trésorerie était dégagé. D'où le reclassement.

Ce qui éclaircit notre point d'interrogation. L'impact de crédit propre sur le quatrième trimestre 2009 est bien de seulement - 24 millions de francs suisses, et la charge de 0,7 milliards de francs suisses en Corporate Center traduit juste le reclassement de résultat entre deux divisions.

Et pour passer de 0,5 à 0,7 MdCHF, il faut parler des 201 millions de francs suisses , qui représentent un transfert de DVA (Debit Valuation Adjustment) en Banque d'Investissement.

De sorte que 483 + 201 = 684 MCHF, montant crédité à la Banque d'Investissement contre - 690 au Corporate Center, d'où l'effet négligeable de - 6 millions de francs suisses du reclassement. CQFD

684 millions de charges en trop avaient été comptabilisées au 30 septembre 2009 (sur plusieurs trimestres dans la Banque d'Investissement d'UBS, qui aurait depuis corrigé son erreur !

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