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Investigation Financière Economique et Boursière
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24 janvier 2013

Grèce. Revue du rapport FMI de janvier 2013. Les différences avec le rapport de la Commission Européenne de décembre 2012.

Comparaison entre :

a) premier rapport sur le second plan d'aide à la Grèce qui a été publié le 17 décembre 2012 par la Commission Européenne.
The Second Economic Adjustment Programme for Greece – First Review December 2012
http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/occasional_paper/2012/pdf/ocp123_en.pdf

lire aussi  : Grèce. Rapport de la Commission Européenne. Recoupement des 8,5 milliards d'euros de charge d'intérêts prévus pour 2013
http://investigationfin.canalblog.com/archives/2012/12/18/25947068.html

b) première et deuxième revue FMI sur la Grèce publiée le 18 janvier 2013
Greece: First and Second Reviews Under the Extended Arrangement Under the Extended Fund Facility
http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr1320.pdf

I. L'impact sur le ratio de dette publique en 2020 des mesures de réduction de dette
II. Le niveau de dette publique de 2012 à 2016
III. Le niveau des intérêts de 2012 à 2016
IV Une phrase étonnante en page 40 du rapport. Le Fonds de précaution FMI est-il en danger en cas de déroute de la Grèce ?

I. L'impact sur le ratio de dette publique en 2020 des mesures de réduction de dette

Dans les deux rapports une table de passage permet de montrer comment le ratio de dette publique sur PIB en 2020 évolue de 144 % (avant mesures de réduction) à 124 % (après mesures de réduction).

Commission Européenne

EC 2012 12 DSA

FMI

FMI 2013 01 petits tableaux


Les impacts identiques :

- 2 réduction des taux d'intérêt de 100 points de base (Euribor 3 mois + 0,5 %)
- 0,6 annulation de la commission FESF de 10 points de base
- 4,6 remise des profits des titres non échangés détenus par les banques centrales (9,3 milliards d'euros selon le FMI).

Les impacts en écart :

1) + 1 de réduction du stock de billets de trésorerie selon la Commission Européenne, rien selon le FMI

A fin 2012, FMI (18,4 MdE) et CE (18,0 MdE) sont déjà un peu en désaccord. Pour les années suivantes, la CE prévoit 15 MdE. En page 44 du rapport FMI, le gouvernement grec ne prévoit plus de réduire la taille de ses billets de trésorerie de 9 MdE d'ici 2013 (on note que 18 - 9 font 9 et non 15 dans le rapport CE donc difficile de bien comprendre). Le rapport FMI poursuit en indiquant que les états membres de la zone euro devront prévoir du financement additionnel en 2013 afin de permettre à la Grèce de réduire sont exposition aux billets de trésorerie comme prévu.

2) - 0,3 de soutien aux détenteurs de dettes subordonnées du secteur bancaires selon la CE, rien selon le FMI

3) -9,5 opérations de rachat de dette du secteur privé selon la CE, - 10 selon le FMI dans le tableau de la page 84 mais - 9,5 dans le texte (allez comprendre !) "In all, the exchange is estimated to have reduced 2020 debt to GDP by percentage points."

4) - 2,7 selon la CE (-2,8 selon le FMI) mesures contingentes à décider par les Etats membres de la zone euro : éventuellement un plus faible cofinancement de fonds structurels (vu que cela semble concerner un stock de dette peu élevé, on peut se demander de l'ampleur d'une telle mesure) et/ou une réduction plus importante du taux d'intérêt du premier plan d'aide (déjà à Euribor 3 mois + 0,5 % !)

5) -1,4 selon la CE mesures de contingence additionnelles (rien selon le FMI, mais en fait le FMI totalise les deux rubriques de mesures contingentes, les chiffrant à - 4 !) rachat possible des titres du secteur privé. Condition : que la Grèce parvienne à atteindre l'objectif de solde primaire 2013 ! On va vite savoir qu'il faut déjà revenir là-dessus ! Le FMI évoque lui des réductions plus importantes des taux d'intérêt des prêts FESF ou un haircut sur les prêts du premier plan d'aide.

6) 0,1 selon la CE (rien selon le FMI) de roulement des titres ANFA (?, soumis à l'approbation des BCNs)

II. Le niveau de dette publique de 2012 à 2016

Si le ratio de dette publique est le même en 2020 (124 %), il n'en est pas ainsi de 2012 à 2016.

Le PIB est identique à la centaine de millions près entre 2012 et 2013 dans les rapports CE et FMI, ce sont les valeurs de dette publique qui diffèrent.

2012 CE 160,1 % FMI 157,5 %
2013 CE 173,7 % FMI 178,5 %
2014 CE 173,5 % FMI 174,5 %
2015 CE 168,6 % FMI 170,0 %
2016 CE 159,8 % FMI 162,7 %

Bizarrement fin 2012 le chiffre FMI est plus faible et fin 2013 c'est l'inverse !

En milliards d'euros :

2012 CE 312,3 MdE FMI 307,2 MdE - 5,1 MdE
2013 CE 320,5 MdE FMI 329,3 MdE + 8,7 MdE

Intéressons-nous à la valeur fin décembre 2012.

Le FMI fournit en page 31 une décomposition des 307,2 MdE :

- 312,2 Etat (le chiffre CE !)
- 5,0 sous-secteurs (net des détentions entre les secteurs publics)

Le rapport de la Commission Européenne aurait-il omis de tenir compte des sous-secteurs ?

La décomposition des 312,2 Etat par le FMI permet de corriger le travail de décomposition du stock de dette à fin 2012 tenté dans l'article InvestigationFin du 18 décembre 2012.

- écart faibles : sous-total Commission Européenne (FMI 161,3 InvestigationFin 161,2) ; dette détenue par le secteur privé après opération de rachat (FMI 29,9 InvestigationFin 30,1) ; billets de trésorerie (FMI 18,4 InvestigationFin 18,0) ; prêts (FMI 18 InvestigationFin 17,9)

- écart de 2,8 MdE sur le total des prêts FMI (FMI 22,3 InvestigationFin 25,0) : dont + 3,3 tranche imputée par la Commission Européenne en décembre 2013 alors qu'elle sera versée par le FMI en 2013 ; dont - 0,6 cette différence pourrait-elle correspondre à des intérêts dus par la Grèce ? En page 65, Table 22 Intérêts et charges pour 2012 de 511 SDRs (soit environ 0,58 MdE ?) ; à noter tout de même que le chiffre de la Commission Européenne

- écart de 10,3 MdE sur les titres non échangés (FMI 56,3 InvestigationFin 46) écart pouvant s'expliquer par le fait que les obligations non échangées sont celles du PSI détenues par la BCE et les BCNs, le reste, 10 MdE environ de titres non concernés par le PSI - il y en avait 8 MdE identifiés (4 lignes : 2,7 + 3,7 + 0,1 +1,5) au moment du PSI de février 2012)

Ce dernier point permet d'expliquer en grande partie pourquoi il manquait 14,1 MdE dans ma tentative de décomposition de la dette publique grecque à fin 2012.

III. Le niveau des intérêts de 2012 à 2016

2012 CE 10,0 FMI 10,1
2013 CE 8,5 FMI 8,4
2014 CE 9,2 FMI 9,0
2015 CE 10,0 FMI 9,9
2016 CE 10,2 FMI 10,2

A peu près identiques.

Rappel : dans mon article du 18 décembre 2012, mon calcul des intérêts estimés pour 2013 atteignait 7,8 MdE (contre 8,5 selon CE), incluant 2,1 MdE d'intérêts estimés des prêts FESF.

Une étude de Nomura, relayée par Les Echos, prétendait un coût de la dette après intégration des nouvelles mesures de 5,9 milliards d'euros en 2013.

Il semble bien que Nomura ne tienne pas compte des intérêts différés des prêts FESF, qui doivent pourtant bien l'être,  dans les charges d'intérêts 2013, puis dans le déficit public 2013, puis dans la dette publique 2013 ! Même si ces intérêts ne sont pas comptés dans le besoin de financement de la Grèce de 2013, puisqu'ils sont différés !

Le rapport FMI de janvier 2013 quantifie jusqu'à 2016 le besoin de financement évité par les intérêts différés des prêts FESF : 11,5 milliards d'euros.

IV Une phrase étonnante en page 40 du rapport. Le Fonds de précaution FMI est-il en danger ?

"The Fund’s longstanding de facto preferred creditor status would continue to provide some protection against financial risks. Still, the Fund’s capacity to absorb any resulting losses would be limited since credit outstanding to Greece would surpass 200 percent of projected Fund precautionary balances in 2013, and since low SDR interest rates exacerbate the limitations of burden sharing capacity."

Le sujet ne semble pas alerter la planète. Tapez dans google avec les mots clés imf + "precautionary balances" greece à moins d'un an et le nombre de réponses est proche de 10.

Pourtant, la phrase qui figure en page 40 du rapport FMI sur la Grèce est claire.

Même avec le statut de créancier privilégié, la capacité du Fonds FMI à absorber des pertes sur la Grèce serait limitée car les encours surpassent de 200 % le solde prévu du Fonds de précaution à fin 2013.

La dernière revue par le Conseil d'administration de l'adéquation du solde de précaution a eu lieu le 9 avril 2012.
http://www.imf.org/external/np/sec/pr/2012/pr12132.htm

Ce Fonds est censé absorber les pertes financières potentielles.

Le solde du fonds s'élevait à 9,2 milliards de SDR fin février 2012.

Le total des encours de crédit atteignait 88,8 milliards de SDR à fin février. Le rapport FMI de janvier 2013 montre 25,3 milliards de SDR fin 2013.

Ce qui donne une idée de la taille importante de la Grèce dans les opérations du FMI.

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