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Investigation Financière Economique et Boursière
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13 mai 2009

Témoignage d'une ancienne salariée de SGAM AI dans Libération

Le 12 mail, dans Libération, le témoignage d'une ancienne salariée risk manager de SGAM AI est publié dans un article intitulé L'absence de contrôle était la règle.

Avant d'apporter un éclairage sur le contenu de l'article, je tiens à féliciter la personne qui a effectué cette démarche courageuse.

Pour avoir vécu ce type de situation de très près, rapport d'audit dont le contenu dérange la direction, pression par les commissaires aux comptes avec interrogatoires orientés, pressions annexes (signature d'engagements pouvant faire peser des menaces sur ma sécurité juridique), je comprends la pression que l'on peut ressentir lorsque toute l'organisation et le pouvoir (absolument non démocratique, car l'entreprise n'est en rien une démocratie surtout dans de telles situations) d'une société importante est orienté contre un individu. Il faut du courage, de la ténacité et rester fort.

Ce qui est écoeurant, c'est que ceux qui trichent, manipulent, s'en sortent globalement. Et que ceux qui dénoncent ces comportements sont matraqués.

C'est l'effet système.

Le témoignage porte sur des faits allant de 2000 à 2003 et dénonce :

1) le non-respect des mandats de gestion par les gestionnaires :

Mon expérience tend à penser que cette pratique est généralisée et ne concerne pas uniquement SGAM AI.

Que ce soit d'ailleurs en période de hausse ou da baisse des marchés.

Sauf que les problèmes émergent souvent quand cela va mal, parce quand cela va mal, les investisseurs, les contrôleurs de risque, les responsables hiérarchiques regardent de plus près ce qui se passe.

Avant, tant que cela gagne, pour reprendre une formule chère (à plusieurs milliards de dollars) à JK.

2) le système de commissions de gestion de fonds :

Une commission de performance (habituelle ailleurs) serait ponctionnée sur des périodes inférieures à l'année. Ainsi, même si sur une année le fonds perd de la valeur il suffirait que sur la période de référence (6 mois dans l'article) le fonds soit gagnant pour que la commission de performance s'exerce.

La commission de performance peut bien être calculée sur une période de 1 an, de 6 mois, de 3 mois, voire d'1 mois.

Dans tous les cas c'est contractuel et l'investisseur a validé ce mode de calcul par sa signature.

Tant pis pour lui s'il a accepté de régler des commissions de performance pour des périodes références de moins d'un an.

Les prospectus, mandats de gestion ou autres sont faits pour être lus.

Je ne pense donc pas que sur ce point la responsabilité d'une dérive incombe uniquement à SGM AI.

3) le truquage de la performance du fonds :

Dans mon dernier article sur la polémique des transferts SGAM, j'ai inséré un tableau montrant l'évolution des actifs net de fonds SGAM à priori transférés.

Ce qui m'avait marqué, c'est que les valeur liquidatives ne semblaient pas diminuer tant que ça pour des fonds qui étaient tellement bien en point qu'ils avaient besoin de soutien à la liquidité et d'être transférés !

Le tableau suivant permet de se faire une petite idée sur la pratique de "reset de valeur liquidative" dénoncée par l'ex salariée risk manager de SGAM AI :

Valeur Liquidative en euros

30.06.2007

31.12.2007

31.12.2008

BAREP Court Terme

16 642,68

16 981,63

17 696,3

BAREP Opportunités Stratégies

20 459,44

20 867,85

21 746,06

SGAM AI Credit Plus

1 118,17

1 012,69

736,23

SGAM AI Credit Plus Opportunités

1 105,93

951,4

682,92

SGAM AI Euro Garanti 12 mois

2 056,45

2 121,64

2 126,51

SGAM AI Euro Garanti 3 mois

1 116,74

1 152,41

1 199,3

source : AMF

Excepté SGAM AI Credit Plus et SGAM AI Credit Plus Opportunités, les valeurs liquidatives ont augmenté entre le 30 juin 2007 (avant la crise des subprimes) et le 31 décembre 2007 puis le 31 décembre 2008.

Sans chercher à trouver les performances (si elles sont bien correctes) des fonds en question, est-ce bien crédible ? Seule une manipulation (reset) sur les valeurs liquidatives peut expliquer une telle anomalie.

J'estime toutefois que ce genre de pratique est sans doute répandue.

Tant que les investisseurs (qui ont en face d'eux les personnes qui pour l'instant rayent le parquet afin qu'elles apposent leur signature à l'investissement dans leur fonds) ne dénonceront pas eux-mêmes ces pratiques (sans doute de place), rien ne changera.

 

"Je porte ensuite l’affaire devant les prudhommes après avoir eu du mal à trouver un avocat prêt à attaquer la Société générale".

Cela en dit long sur le courage de certaines professions à affronter le système.

Grâce aux récents articles de Nicolas Cori sur le sujet, je pense que l'ex salariée risk manager a eu un peu moins de mal a trouver un journaliste pour ce témoignage utile et indispensable.

Qu'attendent les autres médias pour s'emparer de cette affaire, trouver d'autres témoignages pour dénoncer les scandaleuses pratiques de place de gérants, et les publier ?

Bravo à cette ex salariée pour ce témoignage et bravo (mais après tout n'est-ce pas le rôle des journalistes ?) à Nicolas Cori pour la parution de l'article.

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