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Investigation Financière Economique et Boursière
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12 mars 2015

Que s'est-il passé à la Délégation Générale de l'Alliance Française en Ethiopie à la fin des années 1990 ?

Les lanceurs d'alerte qui dénoncent de mauvaises pratiques, documents à l'appui, quelle que soit le type d'organisation, devraient être davantage soutenus, tant en interne qu'en externe.

De telles pratiques devraient être mises en évidence et leurs responsables directs ou indirects sanctionnés.

Le 2 mars 2015, Libération publiait une série d'article sur les lanceurs d'alerte.

Parmi eux, une femme, Nicole Marie Meyer, qui a dénoncé en interne des soupçons de corruption au Quai d'Orsay. L'affaire concernerait une institution en Afrique, avec 65 agents sous ses ordres. Elle aurait relevé l'absence de contrats de travail, de caisse de retraite, d'assurance maladie et aurait émis des soupçons de détournement de fonds. Un rapport factuel aurait été remis à sa hiérarchie. Se sentant apparemment non soutenue, elle aurait fait appel à l'inspection générale et se serait vue répondre en substance qu'il valait mieux pour elle de laisser tomber. Elle aurait alors vécu six mois dans la peur, avant d'être mutée ailleurs sur un "tout petit poste".

Libération, 2 mars 2015, par Marie Piquemal, «Tout ce en quoi je croyais s’est écroulé»
http://www.liberation.fr/economie/2015/03/02/tout-ce-en-quoi-je-croyais-s-est-ecroule_1212767

Ce n'est pas la première fois que la presse écrite s'empare de ce sujet.

31 janvier 2013 dans L'Express, par Pascal Ceaux, Corruption: des lanceurs d'alerte sans voix

"Cet agent non titulaire de la fonction publique, qui souhaite garder l'anonymat, croyait n'avoir fait que son devoir: dénoncer les dérives et les irrégularités constatées dans deux postes qu'elle a successivement occupés en Afrique et en Europe. Loin d'être félicitée pour sa vigilance, elle a subi des pressions, des menaces, avant d'être mutée et laissée sans emploi ... En pleine "affaire africaine", elle décide de saisir l'inspection générale de son ministère de soupçons de détournements de fonds et de faux contrats de travail. En réponse, l'institution de contrôle lui recommande... le silence!"

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/des-lanceurs-d-alerte-sans-voix_1214869.html

17 août 2013 dans Mediapart, par Juliette Chapalain, Lanceurs d'alerte made in France - Nicole Marie Meyer, la paria du Quai d'Orsay

Nicole Marie Meyer serait un nom d'emprunt, elle travaille à Transparency International en 2009.

"Sa notation de fonctionnaire est excellente, jusqu’à ce que Nicole devienne gênante, sur un poste de diplomate en Afrique. « Je trouve de graves dysfonctionnements financiers et comptables, c’est-à-dire une absence de comptabilité, une absence de contrat de travail, des salariés non déclarés et même clandestins, et un soupçon de détournement de fonds »"

"Elle rend alors un « rapport factuel, uniquement basé sur les dysfonctionnements constatés avec les preuves en attache, et indiquant brièvement les problèmes structurels qui pourraient expliquer qu’on en soit arrivé à cet état de chose ». Mais la hiérarchie bloque ce rapport que Paris ne « reçoit jamais ». Une procédure disciplinaire est engagée à son encontre, « rapidement abandonnée faute d’éléments ». Alors qu’elle possédait auparavant un dossier « irréprochable et exemplaire », Nicole est « placardisée et réaffectée sur un tout petit poste », et sa notation abaissée. « C’est clair que c’était une sanction », enrage-t-elle encore."

http://www.mediapart.fr/journal/france/080813/nicole-marie-meyer-la-paria-du-quai-dorsay
18 août 2013

2 décembre 2014, dans Elle par Catherine Robin, Scandale financier, corruption: pourquoi elles ont donné l'alerte

"A la fin des années 90, fraîchement nommée diplomate dans un pays africain, elle découvre de graves dysfonctionnements de comptabilité et de gestion du personnel au sein de l'établissement qu'elle dirige : « Je le signale et j'hérite d'une procédure disciplinaire abandonnée faute d'éléments. Je suis néanmoins réaffectée dans une plus petite structure."

http://www.elle.fr/Societe/News/Scandale-financier-corruption-pourquoi-elles-ont-donne-l-alerte-2865884

Dans l'article de Mediapart, il est précisé que Nicole Marie Meyer veut éviter de diffuser sa photo et évite les médias télévisés, afin que la recherche de travail sous son ancien nom ne soit pas fragilisé. L'article d'Elle montre une évolution puisqu'une photo d'elle y figure : "Jusque-là, elle avait refusé de dévoiler son visage, mais elle porte encore un nom d'emprunt."

L'article de Mediapart précise que "les pièces du dossier et de son procès nous ont été fournies, afin de garantir la véracité de cette histoire et ses qualités de “lanceuse d'alerte”."

L'histoire étant vraie selon Mediapart et les faits présentés graves, de quelle institution du Quai d'Orsay s'agit-il ? Qui en étaient les responsables ? Y a-t-il eu des sanctions ? Quelles mesures ont-elles été prises ?

Les médias ont-ils publié nommément l'institution dans des enquêtes ?

Pour tenter d'y répondre, InvestigationFin a recoupé de nombreux éléments sur la toile permettant d'identifier :

- le vrai nom de Nicole Marie Meyer
- le pays d'Afrique en question : l'Ethiopie
- le nom de l'institution dépendant du Ministère des Affaires Etrangères en question : l'Alliance Française, et plus précisément la Délégation Générale.

Internet n'est pas très bavard sur le passage, sous son vrai nom, de Nicole Marie Meyer à l'Alliance Française en Ethiopie.

D'après la Fondation Alliance Française, il y a 8 Délégations Générales en Afrique dont celle d'Addis-Abeba.

http://annuaire.fondation-alliancefr.org/?action=recherche&motscles=afrique

D'après le site de la Fondation, les Alliances Françaises sont des associations de droit local ; l'Etat français, pour les soutenir, envoie 230 agents à des postes de direction. Les 12 000 salariés, professeurs inclus, sont eux employés sous contrat local.

Les postes relavant du ministère des Affaires étrangères seraient des postes de directeur d'Alliance française ou de responsable pédagogique ou culturel.

http://www.fondation-alliancefr.org/?cat=5

En Ethiopie, il y a 2 Alliances Françaises : une à Addis-Abeba et une à Dire-Dawa (écrit autrement Dire Daoua).

Fin 1999, un lien indique un nom de directeur de l'Alliance Ethio-Française d'Addis-Abeba, mais qui n'est pas celui de la lanceuse d'alerte.

Le 14 novembre 1998, Africa Intelligence publiait un article intitulé CONFLIT D'INTERETS A DIRE DAWA.

Il est indiqué que l'Ambassade de France à Addis-Abeba a discrètement retiré ses trois coopérants de l'Alliance française de Dire Dawa suite à un différend avec des enseignants locaux qui a conduit à un bras de fer avec le gouvernement de la région Somali.

Le directeur de cette Alliance française, Dominique Pinon, aurait limogé de cela plusieurs mois pour malversations quatre professeurs locaux qui étaient également membres du comité de gestion. Le directeur aurait reçu des menaces de mort.

C'est probablement à la suite de cette affaire qu'il y a eu un changement d'organisation à Dire Dawa.

D'après les propos publiés en février 2012 du directeur depuis septembre 1999 de l'Alliance française de Dire Daoua, Jospeh Petros :

"Avant toute chose, il faut savoir que de 1908 à juin 1999, l’Alliance était une école, avec enseignement en français et amharique. En juin 1999, en respect des nouvelles orientations du Ministère éthiopien de l’éducation et compte tenu de la volonté de l’administration française de redéfinir et moderniser sa structure de coopération linguistique et culturelle à Dire Daoua, l’école a fermé et une alliance a ouvert ses portes dans les mêmes locaux. J’ai assuré l’intérim à partir de septembre 1999, avant d’être officiellement nommé Directeur en janvier 2000."

"J’ai été membre du comité de l’école de l’Alliance française de Dire Daoua de 1983 à 1999, puis président du comité à partir de février 1999, avant de devenir, comme je l’ai indiqué, directeur de l’Alliance en janvier 2000."

http://www.fondation-alliancefr.org/?p=4741

A noter le contexte de la célébration en octobre 1997 des cents ans d'amitié entre la France et l'Ethiopie, marqués par le discours à Addis-Abeba le 10 octobre 1997 du ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine.

http://discours.vie-publique.fr/notices/973145289.html

Une question posée demeure : pourquoi les journalistes qui ont publié sur Nicole Marie Meyer n'ont pas fait en sorte que ce qui s'est passé ou non à la fin des années 90 dans une institution du Quai d'Orsay en Afrique soit rendu public ?

Tout en essayant de répondre aux questions importantes suivantes :

Quelles responsabilités ? Quelles sanctions prises ? Quelles mesures prises ?

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