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Investigation Financière Economique et Boursière
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13 janvier 2014

Grèce et troïka, de bonnes raisons de se fâcher.

Vendredi 10 janvier, le premier ministre grec Antonis Samaras a rencontré la presse étrangère à Athènes.

Il semble bien que les grecs fassent le forcing afin que l'Eurogroupe allège d'une manière ou d'une autre le poids de la dette grecque.

"Si en avril, le bureau des statistiques européens Eurostat confirme le surplus budgétaire primaire grec, les Européens devront répondre à la demande grec."

Les Echos, Le premier ministre grec presse les Européens de faire un geste rapidement, par Anne Bauer, 10 janvier 2014
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203235570839-le-premier-ministre-grec-presse-les-europeens-de-faire-un-geste-rapidement-642130.php

InvestigationFin s'est donné la peine dans un précédent article de démontrer toute la difficulté à se retrouver dans les entrailles des chiffres publics grecs pour apprécier la pertinence d'un éventuel surplus primaire en 2013.

Le trou 2014 2015 dans le financement de la Grèce. Un surplus primaire en 2013, vraiment ?
http://investigationfin.canalblog.com/archives/2014/01/10/28917463.html

Et voilà que Les Echos affirme qu'il suffira qu'Eurostat confirme le surplus budgétaire primaire grec.

Cela m'étonnerait fort qu'Eurostat et sa base de données puisse le faire, car il y a une différence entre le solde primaire affiché par Eurostat et celui du FMI et de la commission Européenne dont l'objectif est en effet fixé à zéro en 2012.

Comme le montre le montage suivant effectué à partir des trois sources :

sources : base de données Eurostat, rapport FMI juillet 2013, rapport Commission Européenne juillet 2013
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/statistics/search_database
http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2013/cr13241.pdf
http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/occasional_paper/2013/pdf/ocp159_en.pdf

Grece comparaison soldes primaire CE FMI Eurostat

Si pour 2010 et 2011 on observe des chiffres à peu près cohérents entre les trois sources, il n'en est pas de même en 2012.

Eurostat affiche un solde primaire de -5,0 milliards d'euros alors que le FMI affiche un solde primaire de -2,5 milliards d'euros et la Commission Européenne -2,6 milliards d'euros.

Pourquoi un tel écart avec Eurostat ?

Le rapport de la Commission Européenne rappelle qu'il y a bien une différence en page 25 :

"The fiscal numbers in the table are consistent with program definitions as laid out in the technical memorandum of understanding (TMU). The main differences compared with the ESA-95 definition are the exclusion from the program definition of ANFA and SMP profit transfers, most sales of non-financial assets, and costs related to bank resolutions and recapitalisations."

L'impact des privatisations est ainsi retraité, entre autre poste.

Ce n'est pas anodin alors que l'objectif de 1,6 milliard d'euros pour 2013 (qui figure dans les deux rapport FMI et CE de juillet 2013) ne sera pas atteint *, de plus d'un demi milliard environ, puisque les recettes de privatisation sont estimées à seulement 960 millions d'euros.
* cf mon article du 10 janvier 2014

Or la troïka a instauré une règle d'augmentation automatique de l'objectif de solde primaire en cas de non-respect de l'objectif des recettes de privatisation.

Ainsi en page 59 de ce même rapport :
"Any shortfall in privatisation proceeds ceteris paribus increases the financing need and the debt ratio. To mitigate this undesirable outcome, unless other adjustments are agreed with the EC/ECB/IMF, the primary surplus target would be raised with immediate effect by 50 percent of the shortfall in proceeds, and should be achieved by means of current expenditure cuts in the general government. The adjustment within any year would be capped at €1 billion."

L'objectif de solde primaire nul en 2013 est censé être augmenté de 50 % du non-respecté sur les recettes de privatisation. Soit théoriquement 300 millions d'euros en plus environ.

Suffit-il à la Grèce de présenter un surplus primaire en 2013 pour que l'Eurogroupe adopte des mesures de soulagement complémentaires ?

Ce n'est pas ce qui apparaît à la lecture du communiqué de l'Eurogroupe du 27 novembre 2012.

"Euro area Member States will consider further measures and assistance, including inter alia lower co-financing in structural funds and/or further interest rate reduction of the Greek Loan Facility, if necessary, for achieving a further credible and sustainable reduction of Greek debt-to-GDP ratio, when Greece reaches an annual primary surplus, as envisaged in  the current MoU, conditional on full implementation of all conditions contained in the programme, in order to ensure that by the end of the IMF programme in 2016, Greece can reach a debt-to-GDP ratio in that year of  175% and in 2020 of 124% of GDP, and in 2022 a debt-to-GDP ratio substantially lower than 110%."

http://eurozone.europa.eu/newsroom/news/2012/11/statement-greece-27-11-2012/

C'est sous condition que l'ensemble des conditions du programme de la troïka aient été mises en oeuvre. Ce n'est pas le cas : arriérés, privatisations, niveau de dette à court terme, licenciements de fonctionnaires ...

La troïka doit très probablement tiquer à la vue du forcing médiatique et politique orchestré par les dirigeants grecs notamment depuis le début de leur présidence européenne !

D'ailleurs, alors que les inspecteurs de la troïka étaient attendus à Athènes début janvier, ils ne devraient y revenir qu'en février, le 17 février étant semble-t-il devenu un nouvel objectif de date d'accord !

Target date for an agreement with the country’s creditors will be deferred to February as talks hit snags
Ekathimerini, Sotiris Nikas, vendredi 10 janvier 2014
http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_wsite2_1_10/01/2014_535390

Le trou fiscal (différent du trou en terme de financement) serait estimé par la troïka entre 1 et 1,5 milliard d'euros pour 2014 et entre 2 et 3 pour 2015.

Dans ce contexte, les informations de l'AFP selon lesquelles la Grèce ne consacrerait que 30 % du "surplus budgétaire" (qui n'est en fait qu'un surplus primaire, hors intérêt, le solde budgétaire étant bien attendu en pertes ) au remboursement de la dette (176 % du PIB estimés fin 2013) n'est pas le signe d'une attitude rigoureuse de la Grèce !

Antonis Samaras, le premier ministre grec, aurait évoqué selon l'AFP un excédent primaire de 500 millions d'euros pour 2013.

AFP dans Les Echos, Grèce: de l'argent aux victimes de la crise grâce au surplus budgétaire (Samaras), vendredi 10 janvier 2014
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp-00576017-grece-de-l-argent-aux-victimes-de-la-crise-grace-au-surplus-budgetaire-samaras-642127.php

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