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Investigation Financière Economique et Boursière
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12 avril 2012

Revue de l'étude de Gabriel Zucman The Missing Wealth of Nations. Are Europe and the US Net Creditors or Net Debtors ?

Dans un article précédent j'ai mis en relief des lacunes de précision dans un point de vue de la professeur Hélène Rey publié dans Les Echos, point de vue qui se réfère aux travaux de Gabriel Zucman.
http://investigationfin.canalblog.com/archives/2012/04/10/23977968.html
Les Echos 4 avril 2012 Sur la piste de l'évasion fiscale par Hélène Rey, professeur à l'université de Princeton
http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0201990178258-sur-la-piste-de-l-evasion-fiscale-309298.php

InvestigationFin consacre un article à l'étude des travaux de Gabriel Zucman pour en challenger une partie du contenu.

L'étude de Gabriel Zucman comporte plusieurs publications et notamment :
- une première version du rapport en date du 11 février 2011
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/56/52/24/PDF/wp201107.pdf
- une deuxième version du rapport en date du 29 mars 2012 55 pages
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/68/28/41/PDF/wp201107.pdf

C'est cette deuxième version qui est à l'origine du point de vue de la professeur Rey dans Les Echos, et c'est sur la base de cette deuxième version qu'InvestigationFin a travaillé.

- les annexes 137 pages
http://www.parisschoolofeconomics.eu/docs/zucman-gabriel/appendix23march.pdf

I. Majoration du poids des titres non tracés détenus dans les paradis fiscaux dans la richesse financière des ménages, 4 % au lieu de 6 %

Gabriel Zucman, recense entre pays le côté créances et le côté dettes des seuls titres en actions et des autres titres de dette cotés. De nombreux retraitements sont nécessaires. Pour 2008, l'écart s'élève à 4 500 milliards de dollars.

L'auteur chercheur estime alors également à 4 500 milliards de dollars les titres des ménages logés dans les paradis fiscaux en 2008.

Je posais déjà la question dans mon article précédent : Quid de l'intervalle d'incertitude des données récupérées ou estimées, de la comparabilité des sources, alors que 100 % de l'écart identifié est interprété en titres non traçables dans des paradis fiscaux !

Gabriel Zucman calcule ensuite que ces 4 500 milliards de dollars représentent 6 % de la fortune financière totale des ménages. Ce chiffre est un output important du rapport.

Mais le calcul du 6 % par Gabriel Zucman me semble sujet à questionnement.

Le 6 % est obtenu ainsi : 4 490 offshore securities / 73 625 global household financial wealth (table IV)

Comme le précise la table IV en page 54, dans les 73 625 il y a les dépôts, les portefeuilles de titres, les contrats d'assurance, MAIS c'est NET de DETTE !

La source de Gabriel Zucman ? Credit Suisse Global Wealth Databook
https://www.credit-suisse.com/news/doc/credit_suisse_global_wealth_databook.pdf

Je retrouve bien le chiffre de 73,6 trillons de dollars pour 2008 : 110,5 (richesse financière) - 36,9 (dettes).

Sauf que je ne comprends pas bien pourquoi les dettes sont retranchées en totalité de la richesse financière alors qu'une part importante de telles dettes concerne la richesse non-financière, comme l'immobilier.

Exemple pour la France avec les chiffres de l'Insee du patrimoine des ménages : total actifs 11 335,6 MdE passifs financiers 1 232 MdE actifs financiers 3 925,8 MdE

Par conséquent, le pourcentage de titres détenus dans des paradis fiscaux relativement à la richesse de nature financière pourrait être calculé ainsi : 4 490 / 110 500 soit 4,06 % !

L'auteur de l'étude Gabriel Zucman récuse mon point de vue, je ne suis pas en mesure de trancher sur la pertinence comparée des deux options de calcul.

II. Vérifications sur la détermination des écarts sur les titres entre créances et dettes

La partie créances a pour source CPIS Coordinated Portfolio Investment Survey du FMI et la partie passif a pour source External Wealth of Nations Mark II.

Sur la partie créances :
- source CPIS selon InvestigationFin
http://elibrary-data.imf.org/Report.aspx?Report=9492639 Equity Securities table 12.1 Debt Securities table 12.2
- données Zucman table A1 Global Cross-Border Securities Assets des annexes

On peut observer quelques écarts, limités, même pour 2001 : Equity 2001 appendix 5 200 CPIS 5 165 ; 2008 appendix 9 836 CPIS 9 677 Sans doute que les chiffres de la version d'août 2010 sur laquelle Gabriel Zucman s'est appuyée ont été modifiés depuis, même pour 2001. Pour une version de son étude sortie en mars 2012, il aurait peut-être été plus pertinent de s'appuyer sur les données les plus à jour.

Sur la partie dettes :
- source External Wealth of Nations Mark II EWNII de 2001 à 2007 (pour 2008 données FMI sur les international investment position, le lien FMI ci-dessous concerne EWNII)
http://www.philiplane.org/EWN.html
http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2006/data/update/wp0669.zip
- données Zucman Table A2 Global Cross-Border Securities Liabilities

Dans le fichier zip EWNII la totalisation est absente. Le total sur les actions recoupe bien avec les chiffres de Zucman dans la table A.2.

En revanche, difficile de recouper sur la partie titres de dette.
Exemple pour 2007 : Table A.2 23 216 Md$
Fichier wp0669 : FDI liabilities 18 977 Md$ Debt liabilities (portfolio debt + other investment) 58 106 Md$ Financial derivative liabilities 3 528 Md$ total 80 611 Md$ = total de la colonne Total liabilities moins les Equity liabilities

Question posée à Gabriel Zucman. Réponse : il convenait de totaliser la colonne T Porfolio debt Liabilities, du coup cela marche, on retrouve bien 23 216 Md$ en 2007.

III. Vérification de l'assertion Si les résidents de la zone Euro détiennent la moitié des portefeuilles non déclarés alors la zone euro devient créditrice nette

page 30 "If eurozone residents own 50% of all unrecorded portfolios, the eurozone is in actual facts a sizable net creditor."

C'est également une phrase importante du rapport.

Prenons la table A27 de l'annexe, elle montre que la zone euro est débitrice (net foreign position) de 17 % du GDP de la zone en 2008 (- 11 % sur 2001 2008). Relativement au PIB mondial, c'est - 4 % en 2008 et - 3 % en moyenne sur 2001-2008.

La table V du rapport principal en page 55 montre qu'avec 50 % des fortunes suisses ou hors de suisse non tracées détenues par des résidents de la zone euro, alors la position extérieure nette relative au PIB de la zone euro est de + 7 % en moyenne.

Le fichier XI0000009.xls permet de recalculer ces chiffres.
http://www.parisschoolofeconomics.eu/docs/zucman-gabriel/appendixtables.xlsx

Ce qui m'intéresse, c'est de bien comprendre ce qui se passe si effectivement on ajoute à la position extérieure nette la moitié de ce qui est estimé non tracé dans les paradis fiscaux.

D'abord, les - 11 % (-11,48 %) de moyenne 2001 2008 sont calculés en additionnant les % obtenus chaque année par 8. Si on avait additionné et divisé en valeur, on aurait obtenu - 12 % (-12,16 %).

Idem pour les + 7 % (+ 6,51 %) qui sinon deviendraient + 6 % (+ 5,80 %).

Mais ce n'est peut-être pas un hasard si ce 50 % est mis en avant. Car pour 2008, la nouvelle position extérieure nette de la zone euro est proche de zéro (- 38 Md$). Celle de 2001 est de 927 Md$, soit 14,6 % du PIB de la zone euro de 2001 !

Je pense qu'il manque une tentative d'explication année après année alors que les niveaux semblent erratiques, regardez 2001 avec + 14,6 % 2005 avec + 9,8 % 2007 avec + 5,7 % 2008 avec - 0,3 %.

IV. Quelques éléments sur le niveau de précision des calculs, sur la comparabilité des données

page 16 : "There is a $100-200bn uncertainty surrounding China’s portfolio and a 30$bn uncertainty surrounding Taiwan’s, which is negligible compared to my estimate of the offshore portfolios of households ($4,500bn in 2008)."

page 23 : "It is naturally impossible to have a fully accurate estimate of households’ unrecorded offshore assets. My estimate – 6% of households’ financial wealth – should be seen as a reasonable order of magnitude that future improvements in international statistics will enable to refine"

page 27 : "In order to give a rough estimate of the global offshore wealth of households, I assume in the first column of Table IV that the same allocation of deposits/securities exists in other tax havens too."

page 29 : "Let’s assume that in 2004, before the EU Savings Directive, if a country owned 10% of the fiduciary deposits not assigned to tax havens, it also owned 10% of the deposits assigned to tax havens."

page 34 : "There is no particular reason to believe that exports are overestimated in rich countries. In fact, the U.S. Census Bureau (1998) has argued that U.S. goods exports have tended to be systematically underestimated, by as much as 10%."

Etonnant de corroborer une affirmation avec une source qui date de 1998 !

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