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Investigation Financière Economique et Boursière
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11 janvier 2011

Revue du livre de Marc Roche LA BANQUE. Deux erreurs identifiées et surtout la problématique de la citation des sources !

Revue investigationfin du livre de Marc Roche (Le Monde) LA BANQUE publié chez Albin Michel en septembre 2010.

Qu'est-ce qu'une revue investigationfin ? Si vous connaissez les articles de mon blog, c'est une revue critique d'éventuelles erreurs de chiffres notamment, mais pas seulement.

LA BANQUE a reçu le prix du livre d'économie le 25 novembre 2010 en présence de Christine Lagarde, ministre de l'Economie et des Finances. Le jury était composé de journalistes économiques, quoi de plus normal nous sommes en France.

Espérons que notre éminente Ministre de l'Economie aura détecté les mêmes erreurs qui me sont apparues en première lecture, et que j'ai vérifiées par la suite.

Certes il n'y en a pas beaucoup, encore heureux, puisqu'il n'y a pas non plus beaucoup de chiffres ou de comparaisons chiffrées dans le livre.

Je vous conseille la partie qui traite de la problématique de la citation des sources. Sur deux pages, The Partnership est traduit quasiment mot pour mot par trois fois, sans être référencé directement par Marc Roche. Edifiant !

L'auteur du livre a été contacté par mail, il valide les 2 erreurs identifiées et estime, concernant l'absence de citation des sources, qu'il a simplement préféré ne pas alourdir le texte pour simplifier la lecture.

1) Erreur numéro 1

extrait de la page 132 « le montant total de ses bonus - 16,2 milliards de dollars (contre 2 milliards d'euros pour les traders de toutes les banques françaises) »

L'auteur compare des choux et des carottes. Si le chiffre de 2 milliards d'euros est bien l'ordre de grandeur des bonus des traders des banques françaises, 16,2 milliards de dollars représentent, d'après les comptes 2009 de Goldman Sachs la totalité des charges de personnel !

Concernant les traders des banques françaises, j'avais écrit initialement « opérant en France ». Mais à la lecture du rapport de Camdessus du 13 janvier 2011 qui en page 11 évoque les 3 implantations géographiques principales Paris Londres et New York des effectifs, cette limitation à la France est fausse. Les 2 milliards d'euros de bonus concernent les professionnels de marché Monde des BFI des banques françaises !

voir l'extrait des comptes 2009 de Goldman Sachs :

GS_comptes_2009

2) Erreur numéro 2

extrait de la page 146 « après tout, l'enveloppe totale consacrée à la charité par LA Banque n'est que l'équivalent d'une journée moyenne de trading »

L'enveloppe totale consacré à la charité s'est élevée à 500 millions de dollars et a été comptabilisée en charge dans le compte de résultat du quatrième trimestre par la banque.

Si la journée moyenne de trading à Goldman Sachs avait été de 500 millions de dollars en 2009, alors les revenus de trading se seraient élevés à environ 100 milliards de dollars (environ 200 jours de trading x 500 millions de $).

Sauf que les comptes 2009 de Goldman Sachs montrent que les revenus du trading s'élèvent à 28,9 milliards de dollars en 2009. Autre chiffre issu du rapport 10 K de 2009 page 211 : 34,3 milliards de dollars.

voir l'extrait du rapport 10 K 2009 de Goldman Sachs :

p211_10K_Goldman_Sachs_2009

Ce sont donc plutôt 3 ou 4 jours de trading qui auraient été pertinents.

3) Problématique de la citation des sources

LA BANQUE comporte de nombreuses sources, qui ne proviennent pas seulement, et cela est bien normal, de l'interrogation directe par le journaliste des personnes citées.

Sauf qu'à un moment, lorsqu'on se rend compte que très souvent le corps du texte n'est pas accompagné de la source citée, on se demande ce qui vient de l'enquête directe ou bien de la recherche bibliographique ou bien de la citation bibliographique direct !

Pour ma part, afin de couper court à toute ambiguïté, je prône la citation systématique. Problème, cela alourdit la forme de l'article.

J'ai relevé environ 172 citations entre guillemets. Sources possibles : livres, blogs, articles de presse, enquête directe de l'auteur.

Parfois les livres ont droit à une citation.

Exemple en page 51 où le livre de Jérôme Kerviel L'engrenage est cité avec un extrait.

Mais prenons le cas embarrassant pour l'auteur du livre suivant :

Ellis, Charles D., The Partnership. The Making of Goldman Sachs, Penguin Books, 2008

On le retrouve cité à deux endroits dans le livre, en page 105 et en page 222 (sauf si j'en oublie), enfin en bibliographie.

Sauf que le livre aurait dû être cité à d'autres reprises puisque des lignes entières ont été écrites par l'auteur à partir d'extraits de ce livre, sans le citer expressément.

J'ai un avis très critique sur cette méthode.

Extrait numéro 1

En page 212, Marc Roche écrit

« Quand le secrétaire général du club privé Brook prend Cabot à partie pour avoir invité à dîner son ami Weinberg, la veille - « Vous savez très bien qu'on n'accepte pas de juifs dans la salle à manger » -, le Bostonien démissionne sur-le-champ du club. »

Lorsque j'ai lu ce passage je me suis demandé comment l'auteur parvenait à réussir l'exploit de citer des phrases qui datent des années 30 !

La réponse est dans la biographie que Marc Roche raille dans son livre d'autorisée : The Partnership. The Making of Goldman Sachs.

Jugez plutôt :

« One morning the acting president of Manhattan's exclusive club, the Brook, went to the dining room table where Cabot was eating his breakfast to inform him that it had been « inappropriate to do what he had done the night before. » Cabot had dined with two guests; one was Sidney Weinberg. A man with no time for fools, Cabot sensed what was up, but decided to play innocent: « Did we speak in too-loud voices? » « Oh, no, it wasn't that. It was the individuals at your table. » « What's your exact meaning? » « You know we don't accept Jews at the Brook. » « Well, I've read the by-laws and there's nothing on the subject there. » Cabot's voice changed to a rmer tone: « If that's the way this club is to be run, you can stick your club you know where. You will have my resignation this very morning.» »

Extrait numéro 2

En page 213, page suivante !, Marc Roche écrit

« Fidèle, Sidney Weinberg a aussi la mémoire longue. Quand l'amiral Darlan, ancien président du Conseil de Pétain, fervent partisan des lois antijuives rallié en 1942 aux Alliés, est reçu à la Maison Blanche, il tend la main à Weinberg. Celui-ci lui remet sa carte de visite et lui lance : « Tiens mon garçon, va me chercher un taxi. » »

Traduit de The Partnership. The Making of Goldman Sachs :

« The peak of Weinberg's irreverence during World War II may have been achieved when Admiral Darlan, the senior Vichy French naval officer and a politically powerful, haughty, and ambitious man known to have Nazi sympathies, was at the White House being courted with attentive protocol by the Allies for political reasons. When it was time to leave, Weinberg reached into his pocket as he came to the front door, pulled out a quarter, and handed it to the resplendently uniformed admiral, saying, « Here, boy, get me a cab.» »

Extrait numéro 3

En page 213, la même page !, Marc Roche écrit

« Jusqu'à la fin de sa vie, en 1969, Sidney Weinberg mènera une existence simple. Il prend tous les jours le métro pour se rendre au travail. « Vous apprenez des tas de choses en regardant les passagers de la rame et les publicités, disait-il. Bien plus qu'en fixant la nuque du chauffeur d'une limousine. » »

Merci à nouveau à The Partnership. The Making of Goldman Sachs :

« Weinberg never forgot his Brooklyn background and its lessons in thrift. He rode the subway, cheerfully reminding others that he was saving ve dollars every week: « You can learn a lot more looking around at the people and the ads on the subway than you can by watching the back of a chauffeur's head in a limou sine. » »

Sur deux pages, The Partnership est traduit quasiment mot pour mot par trois fois, sans être référencé directement par Marc Roche.

Comment cela s'appelle-t-il ?

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Commentaires
O
Bonjour et merci à vous,<br /> je n'osais le penser, tellement j'ai eu l'occasion de dénombrer d'erreurs en d'autres occasions ... je ne dirais pas mieux que vous -:)
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P
bonjour <br /> C'est quand même gros comme erreurs surtout pour le "prix du livre d'économie" ! incroyable !
Répondre
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