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Investigation Financière Economique et Boursière
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26 juillet 2010

Stress test des banques européennes. Focus sur les pertes et dépréciations déclarées suite au choc souverain.

article mis à jour le 29 juillet 2010 et le 8 septembre 2010

Le CESB a publié vendredi 23 juillet 2010 les résultats des stress tests pour les banques européennes.

Satisfaction généralisée.

Pourtant, il y a de quoi se pencher dans le détail et se poser quelques petites interrogations.

Regardez l'exposition au risque souverain.

L'ACP (Autorité de Contrôle Prudentiel) a totalisé les expositions au risque souverain des quatre banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, BPCE, Crédit Agricole) : 239 milliards d'euros en brut et 235 en net, après prise en compte des instruments de couverture.

Sauf que les pertes cumulées (pertes de valeur sur le trading et dépréciations sur le portefeuille bancaire) annoncées par les 4 banques au titre du scénario stressé sur le risque souverain s'élèvent, selon mes calculs à 7,4 milliards d'euros

Soit 3,15 % du total net seulement.

Si une secousse devait toucher les dettes souveraines, je doute fort qu'un impact aussi réduit que 3 % puisse suffisamment en rendre compte.

Autre chose.

BNP Paribas annonce que son exposition au risque souverain, qui est supérieure à 90 milliards d'euros (89,5 pour les devises euro) ne générerait que 1,4 milliards d'euros de pertes.

Alors que les 47,5 milliards d'euros d'exposition de dette souveraine de la Barclays (42,3 milliards de livres sterling converties au cours du 31 mars 2010 1 euro = 0,8899 £), soit deux fois moins induisent autant de pertes, 1,4 milliards d'euros (même procédure de conversion).

Autant de pertes pour BNP Paribas sur le risque souverain que la Barclays avec deux fois plus d'exposition.

D'autant plus que BNP Paribas est davantage exposée aux PIGS (Portugal Irlande Grèce Espagne) que la Barclays : 11 milliards d'euros pour BNP Paribas contre 6,5 pour la Barclays selon mes calculs.

L'explication ? BNP Paribas détient peu de portefeuille de trading relativement aux autres banques, et beaucoup plus de portefeuille bancaire.

De plus, le taux de dépréciation déclaré par BNP Paribas sur son portefeuille bancaire (1,1 %) est le plus bas observé pour les banques étudiées ici (de 1,4 % BPCE à 4,8 % Santander).

Remarque additionnelle : On peut également appliquer le raisonnement en remplaçant Barclays par BPCE.

L'exposition d'une banque aux dettes souveraines européennes se décompose entre le :

- portefeuille bancaire (détention à l'échéance) ; le choc souverain se traduit par un impact sur la dépréciation du portefeuille ;

- portefeuille de trading (négociation) ; le choc souverain se traduit par un impact sur la valorisation.

Au global, le rapport de 55 pages du CESB (http://stress-test.c-ebs.org/documents/Summaryreport.pdf) indique que le choc souverain fait augmenter :

- les dépréciations sur le portefeuille bancaire (exposition au secteur privé et financier) de 38,9 milliards d'euros (page 28) ;

- les pertes sur le portefeuille de trading (exposition à la dette souveraine) de 28,2 milliards d'euros (page 29).

La taille plus importante du portefeuille bancaire au global doit expliquer, malgré l'application de taux de décote plus important sur le portefeuille de trading, que le chiffre de dépréciation du portefeuille bancaire soit supérieur à la perte sur le portefeuille de trading.

Dans au moins deux médias identifiés (article payant dans Mediapart http://www.mediapart.fr/journal/economie/230710/regulation-bancaire-les-tests-europeens-sont-ils-credibles et propos de l'économiste Elie Cohen dans C dans l'air sur France 5 mercredi 28 juillet), le grand public pourrait croire que le portefeuille bancaire n'a pas subi l'impact du choc souverain. Et que seul le portefeuille de trading subit l'impact du choc souverain.

Le portefeuille de trading au 31 décembre 2009 (dommage les expositions communiquées banque par banque le sont au 31 mars 2010, mais il y a possibilité quand même de recouper les résultats, voir le tableau ci-dessous) se voit appliquer des décotes selon les pays (table 2 du rapport CESB) : 4,7 % pour l'Allemagne, 6 % pour la France, 12 % pour l'Espagne, 23,1 % pour la Grèce par exemple.

Pour la détermination de ces taux de décote, c'est complexe, cela fait intervenir différents paramètres qui jouent sur le prix des obligations d'Etat à 5 ans. Se référer au rapport CESB pour plus de détails.

Tableau de recoupement pour quelques banques des décotes appliquées au portefeuille de trading :

Banque

Devise

Exposition trading book 31.03.10

Simulation décote OF

% / trading book

Décote publiée

BNP Paribas

4 634

-391

-8,4 %

-425

Crédit Agricole

16 077

-1 219

-7,6%

-1 368

BPCE

13 002

- 950

-7,3%

- 953

Société Générale

8 647

- 913

-10,6%

- 941

RBS

£

26 438

-1 805

-7,7%

-1 809

Barclays

£

7 362

-348

-4,7%

-473

HSBC

$

36 889

-2 548

-6,9%

-3 653

Santander

13 801

-1 593

-11,5%

-907

données chiffrées en millions d'euros

Les écarts sont significatifs pour HSBC et Santander. Dans le cas d'HSBC cela signifierait une exposition en forte baisse entre le 31 décembre 2009 et le 31 mars 2010. Cas inverse pour Santander.

Pour la dépréciation des portefeuilles bancaires suite au choc souverain, le rapport CESB ne semble pas fournir d'information détaillée sur la méthode.

Tableau de % de dépréciation du portefeuille bancaire de quelques banques suite au choc souverain :

Banque

Devise

Exposition banking book 31.03.10

Dépréciation publiée

% / banking book

BNP Paribas

91 515

-988

-1,1 %

Crédit Agricole

36 515

-1 658

-4,5 %

BPCE

34 583

-501

-1,4%

Société Générale

33 841

-576

-1,7%

RBS

£

66 922

-1 064

-1,6%

Barclays

£

35 063

-740

-2,1%

HSBC

$

43 673

-780

-1,8%

Santander

46 536

-2 255

-4,8%

données chiffrées en millions d'euros

Comme énoncé auparavant :

- les taux de dépréciation sur le portefeuille bancaire suite au choc souverain sont inférieurs aux taux de décote sur le portefeuille de trading ;

- le taux de dépréciation sur le portefeuille bancaire BNP Paribas est le plus bas alors que BNP Paribas a une exposition aux PIGS plus importante que d'autres banques ;

A noter les taux élevés pour crédit Agricole et Santander, au-delà de 4 %.

C'est vrai et faux à la fois ! Faux car le choc souverain se traduit par un impact additionnel sur le portefeuille bancaire, mais dans son exposition dans les secteurs privés et financiers. Vrai car le portefeuille bancaire exposé à la dette souveraine ne subit pas de dépréciation.

Comment a été calculé l'impact du choc souverain ?

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