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Investigation Financière Economique et Boursière
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26 juillet 2010

Balance des paiements France. Partie 2. Revue analytique de 2001 à 2009. Des déséquilibres en forte augmentation.

Investigationfin se penche sérieusement sur les balances de paiement.

Dans un premier article :

Balance des paiements France. Rapprochement Insee, OCDE, et la Banque de France. Ecarts en 2004 et 2005.

http://investigationfin.canalblog.com/archives/2010/07/22/18641881.html

Grâce à mes travaux de recoupement de différentes sources, j'affirme qu'une partie des données chiffrées 2004 et 2005 de la balance des paiements France publiées par l'OCDE et par l'Insee ne se recoupent pas.

Dans ce deuxième article, je vais analyser les principales données chiffrées de la balance des paiements de 2001 à 2009.

MdE compte

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

transactions courantes

29,1

21,0

13,0

8,5

-10,9

-9,2

-18,9

-37,1

-36,8

compte de capital

-0,3

-0,2

-7,7

1,4

0,5

-0,2

1,9

0,7

0,3

compte financier

-31,4

-17,3

9,7

-7,8

-1,6

6,0

30,3

26,7

59,4

plug

2,6

-3,5

-15,1

-2,1

12,0

3,3

-13,2

9,8

-22,9

total balance

0

0

0

0

0

0

0

0

0

données en milliards d'euros

source : 2001 (BdF février 2009) 2002 et 2003 (BdF février 2008) 2004 (BdF rapport annuel 2006) 2005 (BdF rapport annuel 2007) 2006 (BdF rapport annuel 2008) 2007 et 2008 et 2009 (BdF rapport annuel 2009)

Les données 2008 et 2009 ne sont pas définitives, elles peuvent être révisées par les rapports annuels 2010 et 2011.

plug : erreurs et omissions nettes, pour équilibrer la balance des paiements. C'est officiel rassurez-vous. En cumul de 2001 à 2009 on en est quand même à - 29,1 milliards d'euros.

Synthèse sur la compensation du déficit des transactions courantes de 2007 à 2009 principalement par le compte financier

De 2007 à 2009, en cumulé :

-92,8 milliards d'euros en compte de transactions courantes ;

+ 116,4 milliards d'euros en compte financier.

Mais les déséquilibres dans le compte financier sont nombreux, et il convient de regarder de plus près année après année :

2007

- 50 de solde négatif (tendance haussière depuis 2002) dans les investissements directs traduisant surtout des investissements français à l'étranger supérieurs ) à ceux des étrangers en France

- 121 de solde négatif investissements des résidents en titres non-résidents supérieurs à ceux des non-résidents en titres résidents, surtout par les IFM (banques)

+ 42 de solde positif dans les dérivés, année de pic anormal non commenté ! C'est quoi cette augmentation des engagements ou baisse des avoirs sur les dérivés ?

+ 160 de solde positif dans les autres investissements dont 96 portés par les IFM et 53 par la Banque de France

2008

- 67 de solde négatif (tendance haussière depuis 2002) dans les investissements directs traduisant surtout des investissements français à l'étranger supérieurs ) à ceux des étrangers en France ; impact dans le même sens que 2007 ;

+ 40 de solde positif investissements des résidents en titres non-résidents inférieurs à ceux des non-résidents en titres résidents ; impact inverse à 2007 ! en cause la baisse dans le secteur des IFM ;

+ 61 de solde positif dans les autres investissements, impact dans le même sens que 2007 mais plus faible, en raison du désendettement des IFM compensé par les opérations de la Banque de France dans le sens de la fourniture de liquidités

- 7 autres

2009

- 67 de solde négatif (tendance haussière depuis 2002) dans les investissements directs traduisant surtout des investissements français à l'étranger supérieurs ) à ceux des étrangers en France ; impact dans le même sens que 2007 et 2008 ;

+ 270 ! de solde positif investissements des résidents en titres non-résidents très inférieurs à ceux des non-résidents en titres résidents ; impact inverse à 2007 et accentué par rapport à 2008 ! dans les administrations publiques (+ 97 / 2008) mais surtout dans les autres secteurs (+ 132 / 2008), sans doute que les émissions massives d'obligations d'entreprises notamment au premier semestre 2009 ont été souscrits par les non-résidents ;

- 149 de solde négatif dans les autres investissements, impact en sens inverse par rapport à 2007 et 2008, moindre désendettement des IFM dépassé par la baisse des engagements du secteur de la Banque de France ( -188 MdE / 2008), dont le solde devient carrément négatif en 2009 (- 47 MdE traduisant une augmentation des avoirs. Les engagements de la Banque de France étaient au plus haut fin 2008 (crise financière) et se sont plus que redressés fin 2009. Mais j'ai du mal à comprendre comment le solde peut néanmoins être négatif fin 2009 de - 47 MdE après avoir été positif de 53 MdE fin 2007 !

En conclusion, des déséquilibres marqués qui demandent davantage d'explications, malgré celles que j'ai tentées d'avancer.

1) Le solde du compte des transactions courantes

Le solde des transactions courantes, positif en 2001 n'a cessé de se dégrader, passant dans le rouge en 2005, atteignant - 36,8 MdE en 2009 (chiffres provisoire).

Un chiffre positif traduit une exportation ou une recette, un chiffre négatif une importation ou une dépense.

Dans le détail :

MdE solde

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

biens

3,9

8,0

2,9

-3,8

-22,5

-30,4

-41,1

-59,4

-44,6

services

19,9

18,2

14,0

11,7

13,3

13,4

14,4

17,2

11,5

revenus

21,8

9,8

13,1

18,1

20,2

29,7

31,2

29,2

23,1

transferts courants

-16,6

-15,0

-16,9

-17,5

-21,9

-21,9

-23,4

-24,1

-26,9

solde

29,1

21,0

13,0

8,5

-10,9

-9,2

-18,9

-37,1

-36,8

Le total cumulé de 2001 à 2009 donne - 41,3 milliards d'euros.

D'après la notice méthodologique de la Banque de France :

- les revenus sont de deux sortes :

a) rémunérations des salariés versés par des employeurs non résidents aux salariés résidents -contribution positive selon moi) et inversement (contribution négative selon moi)

b) revenus d'investissements : recettes ou paiements des avoirs et engagements financiers extérieurs

- les transferts courants sont la contrepartie comptable de biens services et capitaux exportés ou importés gratuitement, ils sont ventilés par secteur. Une contribution négative indique

La dégradation de 66 milliards d'euros entre 2001 et 2009 provient essentiellement des biens (-48,5 MdE) des services (-8,4 MdE) et des transferts courants (-10,3 MdE).

La décomposition des revenus entre 2004 et 2009 donne :

- rémunérations des salariés : peu d'évolution + 8,6 en 2004 et + 9,5 en 2009)

- investissements directs : bas niveau en 2004 (15,5) et 2009 (17,7)

- investissements de portefeuille : années 2007 et 2008 positives (+ 6,5 et + 6,8) sinon contribution négative (-3,7 en 2004 -0,1 en 2009)

- autres : années 2007 et 2008 très négatives (-9,0 et -9,7), les autres un peu moins (2009 -4,0).

2) le solde du compte de capital

D'après la notice méthodologique de la Banque de France, le compte de capital regroupe :

- les transferts en capital (remises de dettes, pertes sur créances, aides à l'investissement des fonds structurels, transfert des migrants)

- les acquisitions et cessions d'actifs non financiers non produits (brevets, marques, droits d'auteur), contribution faible.

Excepté le pic de - 7,7 milliards d'euros en 2003, le solde appelle peu de commentaires.

Le rapport annuel 2003 indique que le déficit s'explique par une opération d'abandon de créance d'une entreprise non financière résidente au profit de sa filiale en Allemagne.

Pour plusieurs milliards d'euros, cela ne devrait pas être passé inaperçu. Et pourtant, je suis obligé d'émettre une hypothèse. France Telecom ?

Selon le document de référence 2003 de France Telecom, FT détenait 28,3 % du capital de sa filiale allemande Mobilcom, qui avait acheté en août 2000 une licence UMTS pour 8,4 MdE. Mobilcom a annoncé en décembre 2003 sa décision de rendre sa licence UMTS à l'agence allemande de régulation des télécommunications. Orange a annoncé son intention de se retirer du marché allemand !

Et bingo, on lit en page 168, dans le cadre du plan de sauvetage : FT a racheté pour leur valeur nominale les créances des membres du syndicat bancaire et des équipementiers (environ 6 milliards d'euros, les voila !) et a abandonné ces créances ainsi que les avances d'actionnaires consenties à Mobilcom (environ un milliard d'euros) soit un total d'environ 7 milliards d'euros.

Gagné !

3) le solde du compte financier

C'est le plus complexe à démêler. Les masses financières sont en augmentation exponentielle dans tous les sens.

Tentons d'y voir plus clair.

Remarquons que le compte financier est généralement de sens inverse au compte des transactions courantes. Les déficits commerciaux sont compensés par les soldes financiers.

D'après la notice méthodologique de la Banque de France, un chiffre positif en compte financier reflète une diminution des avoirs ou bien une augmentation des engagements. Un chiffre négatif d'avoirs de réserve signifie que les réserves ont augmenté.

Conceptuellement, il convient de comprendre que par définition, en l'absence d'erreur ou d'omission, une balance des paiements simple compte de transactions courantes (-100) + compte financier (+ 100) = 0 signifie que des déficits commerciaux sont obligatoirement compensés par une diminution des avoirs ou bien une augmentation des engagements, soit les deux.

Une Nation qui génère des déficits commerciaux s'appauvrit d'une manière ou d'une autre.

Voyons comment la France s'appauvrit pour couvrir ses déficits commerciaux.

Donnons un premier niveau de détail du compte financier de 2001 à 2009 :

MdE compte

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

ID FE

-97,0

-53,6

-47,1

-45,7

-92,5

-88,2

-120,1

-110,0

-105,9

ID EF

56,4

52,1

37,7

26,2

68,3

57,3

70,3

42,5

42,9

S/T ID

-40,6

-1,5

-9,4

-19,5

-24,1

-30,9

-49,7

-67,5

-63,0

Avoirs NR

-95,0

-92,5

-170,6

-186,2

-195,7

-279,6

-206,9

-87,1

-60,6

Engagements R

119,0

81,4

176,4

133,8

181,1

151,8

85,8

127,6

330,7

S/T Invest portefeuille

24,0

-11,2

5,8

-52,4

-14,6

-127,8

-121,2

40,5

270,0

Dérivés

2,8

5,5

-6,1

5,0

5,2

3,4

41,9

-16,4

-2,1

Autres invest.

-23,4

-14,3

21,6

62,5

24,9

170,2

159,8

61,4

-149,4

Avoirs de réserve

5,8

4,2

-2,2

-3,5

7,1

-8,8

-0,5

8,5

3,9

Compte financier

-31,4

-17,3

9,7

-7,8

-1,6

6,0

30,3

26,7

59,4

ID FE Investissements directs des français à l'étranger

ID EF Investissements directs des étrangers en France

S/T ID Sous-total investissements directs

Avoirs NR Avoirs des résidents sur titres émis par des non-résidents

Engagements R Engagements des non-résidents sur titres émis par des résidents

Dérivés Produits financiers dérivés (primes sur options, appels de marge, intérêts sur swaps)

Compte financier = Investissements directs (opérations effectuées pour acquérir accroître ou liquider un intérêt durable dans une entreprise et une influence dans sa gestion) + Investissements de portefeuille (opérations sur titres négociables) + Autres investissements (rubrique résiduelle, prises et mises en pension livrée, crédits commerciaux, prêts, dépôts et emprunts) + Avoirs de réserve (créances brutes en or monétaire et en devises, avoirs en droits de tirage spéciaux, position nette à l'égard du FMI).

3) a) Investissements directs

Le solde est en permanence négatif; Elevé en 2001 (-40,6), depuis 2002 (-1,5) il ne fait que croître pour atteindre un plus haut en 2008 -67,5).

Sur les 3 dernières années, la conjugaison de la baisse du niveau des investissements directs des étrangers en France (contribution positive un peu au dessus des 40 MdE de 2007 à 2009) et de la hausse des investissements directs des français à l'étranger (au-delà de - 100 milliards d'euros) a entraîné un niveau de solde négatif lié aux investissements directs supérieur à - 50 milliards d'euros.

Cette tendance traduit le fait que l'investissement à l'étranger est plus compétitif que l'investissement en France, cf les délocalisations par exemple.

3) b) Investissements de portefeuille

3) b) 1) avoirs : investissements par les résidents de titres émis par les non-résidents

Le solde des avoirs, titres émis par des non-résidents détenus par les résidents, toujours négatif (logiquement), a suivi une évolution en élastique de 2001 à 2009 : inférieurs à - 100 MdE en 2001 et 2002, les chiffres se sont envolés pour atteindre un pic de - 280 MdE en 2006, pour refluer notamment en 2008 (-87 MdE) et en 2009 (-61 MdE).

Ce sont les obligations qui expliquent l'essentiel du reflux du pic de 2006 (-201 MdE) en 2008 (-4,6) et 2009 (-16,7), dans le secteur des IFM et autres.

Le secteur des IFM a fait le yoyo entre 2006 et 2007 (augmentation des investissements) et 2007 et 2008 (baisse des investissements), le secteur des administrations publiques faisant le yoyo inverse (baisse puis hausse). Pour les autres secteurs, la baisse est plus importante de 2006.

3) b) 2) engagements : investissements par les non-résidents de titres émis par les résidents

Le solde a fluctué à la hausse ou à la baisse de 2001 à 2008 entre 81 MdE (2002) et 181 MdE (pic de 2005 obligations). Mais 2009 marque une augmentation exponentielle : niveau de 331 MdE dont 143 MdE pour les administrations publiques (24 en 2007 100 en 2008) et surtout 156 MdE dans les autres secteurs (11 MdE en 2007 et 2008) !

En nature, l'augmentation de 2009 concerne essentiellement les obligations : 203 MdE en 2009 contre 82 MdE en 2007 et 84 MdE en 2008. Mais, je le rappelle, seulement 43 MdE d'augmentation entre 2008 et 2009 dans le secteur des administrations publiques.

Dans les autres secteurs, je pense que ce sont les abondantes émissions d'obligations par les entreprises (notamment au premier semestre 2009) auxquelles des non-résidents ont pu souscrire qui peut expliquer le chiffre important.

Le rapport trimestriel 179 du premier trimestre 2010 montre 291 MdE d'engagements en 2009 (au lieu de 331 MdE rien d'anormal puisque les chiffres sont provisoires et évoluent dans le temps), répartis trimestriellement principalement au premier semestre 2009 (et c'est cela qui m'intéressait), pour 207 MdE.

Ce qui est cohérent avec l'idée selon laquelle au premier semestre 2009 les non-résidents ont massivement souscrit aux émissions obligataires des entreprises résidentes.

3) b) 3) total avoirs et engagements

De 2001 à 2009, le solde a alterné entre positif et négatif, avec deux pics négatifs supérieurs à 120 MdE en 2006 et 2007 (les résidents acquérant davantage d'obligations émises par les non-résidents que l'inverse) et un pic positif extrême en 2009 à 270 MdE (les résidents ont fortement diminué depuis 2008 leurs achats d'obligations émises par les non-résidents alors que les non-résidents ont fortement augmenté leurs achats d'obligations émises non seulement par les administrations publiques mais surtout dans les autres secteurs).

Une situation particulièrement déséquilibrée en 2009 qu'il faudrait analyser plus amplement !

3) c) Produits financiers dérivés

Excepté en 2007 (41,9 MdE) et en 2008 (-16,8 MdE), la contribution au solde (1,8 à 6,1 en valeur absolue) du compte financier est bien moins importante que les autres soldes.

Que s'est-il passé en 2007 et en 2008 ?

D'après le rapport annuel 2009 sur la balance des paiements, la correction significative sur ce poste, de 7 milliards (sorties nettes), à 16,4 MdE, provient de la modification de déclaration d'un groupe bancaire sur le débouclage d'échanges croisés entre titres et instruments conditionnels avec ses filiales. La partie portant sur les instruments conditionnels n'aurait pas été déclarée. Là encore, pas de nom.

La Banque de France ne semble pas commenter les soldes importants de 2007 et 2008.

Je n'ai pas d'explication à avancer pour l'instant pour ces données erratiques en 2007 et 2008.

3) d) Autres investissements

3) d) 1) avoirs (analyse de 2004 à 2009)

Soldes négatifs de 2004 à 2007 (entre -91 et -227 MdE) et positifs en 2008 (53 MdE) et 2009 (64 MdE).

3) d) 2) engagements (analyse de 2004 à 2009)

Soldes très positifs de 2004 à 2007 (pic de 356 MdE en 2008), bas en 2008 (9 MdE) et très négatif en 2009 (-213 MdE).

3) e) 3) total avoirs et engagements (analyse de 2001

De solde positif ou négatif, les niveaux ont dépassé les 100 milliards d'euros en 2006 (170) 2007 (160) et 2009 (-150).

L'évolution entre 2007 (160) 2008 (61) et 2009 (-149) traduit une situation extrême et un déséquilibre important en 2009.

L'évolution d'environ 310 MdE entre 2007 et 2009 peut être analysée ainsi :

- 100 MdE liés à la Banque de France (53 en 2007 141 en 2008 -47 en 2009) ; porte principalement sur l'évolution des engagements, lié à la politique d'apport de liquidités ;

- 170 MdE liés aux IFM (banques) (96 en 2007 -101 en 2008 -76 en 2009), traduisant leur désendettement

- le reste concerne les administrations publiques et les autres secteurs.

La Banque de France considère, sans son rapport annuel 2009, que depuis 2008, si on considère les flux cumulés, les fortes variations enregistrées sur les opérations de prêts et emprunts des IFM résidentes ont été compensées par celles de la Banque de France. Ce n'est pas vraiment ce que j'observe dans le tableau T2-9 !

3) e) Avoirs de réserve

Ils sont compris en valeur absolue entre 0,5 et 8,8 milliards d'euros entre 2001 et 2009, aussi bien en positif qu'en négatif. Pas d'analyse complémentaire à ce stade.

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