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Investigation Financière Economique et Boursière
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28 avril 2010

Goldman Sachs 5. Audition du 27 avril 2010 devant la commission sénatoriale US. De nouveaux éléments mettent en difficulté GS.

Comme je l'ai déjà écrit, pour ce qui concerne la plainte de la SEC envers Goldman Sachs, il me semble que l'incertitude sur le rôle exact d'ACA est un sujet primordial !

Retour sur l'audition sénatoriale du 27 avril 2010

Le 27 avril 2010, à 10 heures du matin heure locale à Washington, se tenait l'audition devant la commission sénatoriale américaine chargée d'enquêter sur les responsabilités dans la crise financière. Au menu du jour, plusieurs dirigeants et salariés ou ex salariés de Goldman Sachs.

La séance a duré plus de 10 heures et a été organisée en 3 parties :

- partie 1 audition du premier groupe de 4 personnes :

Dan Sparks, ancien responsable du département crédit hypothécaire

Josh Birnbaum, ancien manager du département crédit hypothécaire

Michael Svenson, manager du département crédit hypothécaire

Fabrice Tourré, vice président, anciennement sous la responsabilité de Dan Sparks

- partie 2 audition du deuxième groupe de 2 personnes :

David Viniar Directeur Financier

Craig Broderick, Responsable des risques

- partie 3 audition du troisième groupe composé du Président Directeur Général Lloyd Blankfein.

La retranscription des débats n'est pas disponible facilement sur le net. Il faut souscrire par exemple là http://www.fednews.com/transcript.htm?id=20100427t2839 pour y accéder.

Toutefois, les dépositions des 7 personnes de Goldman Sachs étaient disponibles avant l'audition.

La bonne nouvelle pour Goldman Sachs, c'est que Fabrice Tourré défend sa banque. Il conteste les accusations formulées contre lui dans la plainte de la SEC. Au cours de l'audition, Fabrice Tourré clame également qu'il va attaquer la SEC en justice.

La ligne de défense des Goldman Sachs Boys est la même : Goldman Sachs répond à la demande des clients de leur fournir des produits qui les expose de fait à un risque, peu importe qui est la contrepartie et pour combien ; Goldman Sachs gère son risque globalement, si elle s'est retrouvé short sur les subprimes, ce n'était pas contre ses clients, mais parce que la banque gérait globalement son risque.

Ce qui m'intéressait dans ces auditions, c'est l'éventuelle révélation d'autres mails ou documents par les 2 parties permettant de faire pencher la balance différemment.

Situation avant les auditions

Avant cette audition, j'avais montré, pour ce qui concerne précisément la plainte de la SEC contre Goldman Sachs, qu'elle renfermait des failles importantes.

http://investigationfin.canalblog.com/archives/2010/04/20/17637540.html

Notamment le fait que si la société qui a juridiquement décidé du portefeuille d'investissement dans le produit incriminé Abacus 2007-AC1, ACA, était aussi l'investisseur principal à 85 %, j'avais du mal à concevoir qu'on puisse reprocher à Goldman Sachs qui a perdu près de 90 millions de dollars de ne pas avoir informé explicitement ACA que le fonds Paulson pariait contre Abacus, alors que ACA savait que de toute manière pour que Abacus existe il existait bien un investisseur short !

Pour ce qui concerne l'ensemble du business de l'hypothécaire, je m'étais étonné que Goldman Sachs ait pu publier un mail du 15 décembre 2006 (mail de Daniel Sparks à Tom Montag) qui explique noir sur blanc les orientations à prendre : réduire les expositions longues par des CDS et continuer à distribuer de nouveaux titres !

Dans mon article du 26 avril, j'avais aussi souligné le commentaire de David Viniar : lets be aggressive distributing things ...

http://investigationfin.canalblog.com/archives/2010/04/26/17698713.html

Apparemment le sénateur Lévin qui préside la commission a utilisé cet extrait puisqu'un article des Echos du 28 avril l'évoque maintenant http://www.lesechos.fr/info/finance/020503990992-le-senat-accuse-goldman-sachs-d-avoir-alimente-la-bulle-immobiliere.htm.

Extrait de l'article Les Echos

« Je pense qu'ils trompent le pays ; il n'y a aucun doute qu'ils ont fait énormément d'argent en pariant contre le marché immobilier », avait déjà confié la veille le sénateur démocrate à la presse. Pour lui, les échanges de mails des dirigeants de Goldman Sachs - tel celui du directeur financier, David Viniar, le 15 décembre 2006 : « soyons agressifs [

] car il va y avoir de très bonnes opportunités lorsque les marchés vont probablement aller dans le mur et nous voulons être en position d'en tirer profit » - sont éloquents. « Ils ont décidé de vendre ces titres tout en sachant qu'ils étaient toxiques », insiste Carl Levin.

Comme le souligne justement ce même article des Echos :

1) les accusations dépassent le cas de la plainte de la SEC sur Abacus ;

2) les critiques de la commission proviennent autant de membres démocrates que républicains (sénateur républicain de l'Arizona et sénateur républicain d'Oklahoma), ce qui diminue la portée de l'opportunité politique de la plainte SEC.

De nouveaux mails publiés. Les enjeux juridiques

Deux articles du Wall Street Journal évoquent de nouvelles pièces intéressantes, le contenu d'emails :

a) « Mr. Levin also cited an email in which a Goldman sales employee referred to one product as « junk, » and he said Goldman was the only party in the deal betting the mortgages would fail. »

« Mr. Levin said Goldman itself variously described securities as « junk » or « crappy » or « s

tty. » »

Gênant tout de même que les produits fournis aux clients soient considérés ainsi en interne !

source : http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704471204575209822231959684.html?mod=WSJEUROPE_hpp_MIDDLETopNews

b) « Sen. Carl Levin (D., Mich.), the subcommittee chairman, read scornfully from one such email sent to Mr. Sparks about two Goldman bankers who nailed a particular deal. « They structured like mad and traveled the world, and worked their tails off to make some lemonade from some big old lemons, » the email said.

You got no regrets? You ought to have plenty of regrets,» Sen. Levin scolded Mr. Sparks. »

Même topo.

source http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703832204575210512598974330.html?mod=WSJEUROPE_hpp_MIDDLETopNews

c)

Pour les implications juridiques de l'audition d'hier, en l'absence de la retranscription complète des auditiions, je n'ai pu trouver mieux que l'article du Wall Street Journal du 28 avril 2010 : Trader's Testimony Raises Legal Issues

source :

http://online.wsj.com/article/SB10001424052748703832204575210610576774470.html?mod=WSJEUROPE_hpp_MIDDLETopNews

L'article indique, citant des experts juridiques, que des réponses de Fabrice Tourré aux questions posées par la commission sénatoriale pourraient renforcer la plainte de la SEC contre lui et Goldman Sachs. Questions appuyées par de nouveaux documents.

Que dit l'article ?

c)1) La sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, a fait référence à un mail envoyé par Fabrice Tourré au sujet d'une liste d'acheteurs potentiels pour un investissement lié au crédit hypothécaire, qui, selon les mots du français et l'interprétation de la sénatrice, devrait (should) inclure des hedge funds moins sophistiqués (fewer sophisticated).

Alors que Goldman Sachs a toujours affirmé que les investisseurs étaient avertis.

La réponse de Tourré est surprenante, son commentaire a reflété son opinion sur les hedge funds, qui ont tendance à négocier beaucoup sur les prix.

Il y a donc peut-être une incertitude sur l'interprétation du mot "fewer" : moins sophistiqués ou moins de hedge funds ?

Moyennement gênant pour Goldman Sachs !

c)2) Le sénateur démocrate du Michigan Carl Levin a cité un email dans lequel Fabrice Tourré écrit à un de ses supérieurs qu'ACA et Paulson ont sélectionné les titres de la transaction.

Or Goldman Sachs s'était défendue en affirmant que ACA avait la seule autorité pour la sélection du portefeuille.

En réponse, Fabrice Tourré concède qu'il aurait pu être plus précis.

Moyennement gênant pour Goldman Sachs !

Un autre mail adressé à Laura Schwartz d'ACA par un dirigeant du hedge fund Paulson, Paolo Pellegrini, la remercie de son implication personnelle dans la sélection du portefeuille de référence.

Gênant pour Goldman Sachs !

c)3) Goldman Sachs s'est défendu qu'elle ait un intérêt à ce que le deal échoue.

Pourtant, Fabrice Tourré semble avoir affirmé devant les sénateurs que Goldman Sachs a essayé tôt de trouver un investisseur et ne pouvait pas.

Très gênant pour Goldman Sachs ?

C'est un sujet que j'avais abordé dans mon premier article sur le sujet.

Je ne comprenais pas le délai entre l'investissement d'IKB pour 150 millions de dollars fin avril 2007 dans Abacus 2007-AC1 et celui d'ACA pour 909 millions de dollars fin mai 2007. Que s'est-il passé ?

Si ACA était identifié dès le début comme un investisseur, comment se fait-il que le deal ait eu lieu un mois après celui d'IKB ? Ou alors ACA n'avait pas décidé dès le début d'investir autant. Mais alors quand et dans quelles conditions l'a t-il décidé ?

c)4) Des extraits de mails de correspondance avec ACA qui peuvent renforcer l'idée d'ambiguïté quant à la situation d'investisseur de Paulson vis-à-vis d'ACA :

Laura Schwartz, une dirigeante d'ACA écrit début janvier : meeting annulé avec Paulson, investisseur potentiel long

Le soir, email de Laura Schwartz à une employé de Goldman Sachs Gail Kreitman au sujet d'une réunion avec Paulson : cela n'a pas aidé que nous ne sachions pas exactement comment ils veulent participer dans l'espace. Pouvez-vous nous donner un retour sur info ?

Un autre mail d'avril de Laura Schwartz fait référence à une position longue de Paulson concernant le deal Aba cus 2007 AC1 : nous avons bien valorisé 1920 millions de dollars de classe A1 et A2 pour faire le deal du 26 avril. Paulson a pris une proportion d'equity (tranche 0 à 10 %). Goldman s'attend à émettre plus sur les 2 prochaines semaines.

Mon propre visionnage (partiel) de l'audition

Environ 1 heure sur CNBC, notamment avec les question posées à Sparks ou à Tourré.

J'ai été surpris que Fabrice Tourré ne puisse pas répondre de manière précise quant au pourcentage du portefeuille proposé par Paulson et rejeté par ACA. On en est à environ 50 % plus ou moins.

Même si les faits remontent à 2007, nul doute que le sujet a été travaillé ces derniers jours.

Et encore plus surpris que les échanges de mails et documents revus par la commission sénatoriale ne permettent pas à ces derniers de répondre eux-mêmes, ce qui n'a pas été fait.

Car j'imagine qu'un détail de ces titres en nature et en montant ressort des différents échanges et qu'il est donc possible d'en dresser (si elle n'existe pas) la liste quantitative !

Comme l'ont souligné plusieurs articles de presse, les Goldman Sachs boys avaient tendance à bien faire répéter les questions.

Autre sujet potentiel d'investigation par la commission sénatioriale

Dommage que les membres de la commission sénatoriale ne se soient pas intéressés de plus près aux fabuleux revenus de Goldman Sachs au premier trimestre 2009.

Une grande part de tels revenus provenait de l'élargissement des bid-offer spreads.

Ce qui signifie que lorsque Goldman Sachs (mais il s'agit de toutes les BFI) répondait à la demande d'un client (exemple : je veux un dépôt à terme 3 mois), les paramètres financiers de l'opération permettaient à Goldman Sachs de procéder à l'opération inverse avec une marge très importante.

Spreads surélevés que toutes les BFI ont justifié par les conditions de marché du moment ! Qui étaient en fait imposées aux clients ! Les BFI se sont engraissées sur le dos de leurs clients !

Le client accepte que le curseur soit placé à tel endroit, mais en définitive plus le curseur permet à la BFI de générer des revenus, moins le client est favorisé.

Le client a toutefois également sa part de responsabilité, s'il vient voir Goldman Sachs, il doit savoir qu'il ne vient pas voir un enfant de choeur !

Par définition il y a conflit d'intérêt autour de telles opérations. Alors c'est un peu hypocrite de la part de politiciens haut placés de faire semblant de le découvrir au travers du cas Goldman Sachs et de la plainte SEC !

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