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Investigation Financière Economique et Boursière
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15 février 2010

Société Générale. Décryptage de l'avertissement sur résultat du quatrième trimestre 2010 annoncé le 13 janvier 2010. Etrange !

Cet article démontre comment probablement l'exposition brute de la Société Générale en actifs à risque de type CDOs de RMBS non couverts a augmenté par rapport au troisième trimestre 2009.

Ensuite, après l'avertissement sur résultats du 13 janvier 2010, l'auteur se demande si finalement la Société générale ne va pas présenter des résultats meilleurs que prévus en raison de la moindre comptabilisation des rémunérations en raison de l'accroissement de la part variable différée en actions sous conditions.

Par un communiqué de presse du 13 janvier 2010, la Société Générale a annoncé que le résultat estimé du quatrième trimestre 2009 serait légèrement bénéficiaire, intégrant des impacts négatifs sur actifs à risque pour -1,4 milliards d'euros.

D'après L'Agefi, les analystes tablaient un résultat net entre 500 millions et un milliard d'euros au quatrième trimestre, le résultat devrait être inférieur à 200 millions d'euros.

http://www.agefi.fr/articles/La-Societe-Generale-presente-visage-mitige-2010-1121525.html

Dans un autre article, L'Agefi cite le consensus établi par Thomson Reuters à 959,75 millions d'euros.

http://www.agefi.fr/articles/Avertissement-resultat-Societe-Generale-1121395.html

Le ralentissement généralisé au 4 ème trimestre 2009 dans le secteur bancaire du département de Fixed income de la banque de financement et d'investissement aura forcé la Société Générale a lancé un avertissement sur ses résultats.

Il semble que la banque n'ait pas disposé de leviers suffisants pour amortir cette chute, comme la plus-value en Gestion propre sur l'opération Amundi (fusion des activités de gestion d'actifs de SGAM et de CAAM) pour un montant d'environ 0,6 milliards d'euros.

Tout d'abord, -1,4 + 0,6 = -0,8 avant impôt font environ -0,5 avant impôt seulement.

Et rappelons que l'impact avant impôt des éléments non récurrents s'élevaient à :

- 2,1 MdE au premier trimestre 2009 ;

- -1,7 MdE au deuxième trimestre 2009 ;

- 1,1 MdE au troisième trimestre 2009.

Ensuite, si on regarde de plus près l'impact défavorable attendu des actifs à risque de 1,4 milliards d'euros, plusieurs points d'interrogation peuvent être soulevés.

Comment se décomposent ces -1,4 milliards d'euros ?

D'après le communiqué de la Société Générale, 5 contributions peuvent être identifiées :

a1) décotes complémentaires des CDOs de RMBS classés en trading, augmentation de l'estimation du taux de pertes à maturité sur les prêts subprime 2005 de 13 % à 15 % avant décote de liquidité (de 14,3 à 16,5 % après décote de liquidité) ;

D'après les informations financières spécifiques du 3 ème trimestre 2009 en page 54, le pourcentage en actifs subprime sous-jacents originés en 2005 est de 41 % des 1 448 millions d'euros d'exposition brute au 30 septembre 2009, soit 594 millions d'euros. Des effets de change peuvent influer sur la valorisation.

Le complément de 2,2 % après décote de liquidité appliqué à 594 millions d'euros donne -13 millions d'euros seulement.

a2) décotes complémentaires des CDOs de RMBS classés en trading sur tous les millésimes de prêts prime.

Là on a pas de précision permettant d'effectuer un calcul de l'impact. On sait néanmoins que pour la totalité de ce portefeuille, une perte de valeur et de dépréciation de 78 millions d'euros a été comptabilisée au 3 ème trimestre 2009.

La Société Générale communique des taux de décote par nature d'actifs (exemple subprime 2005) mais ne fournit pas la part des sous-jacents de type CDO qui eux sont dépréciés à 100 %. Du coup, impossible de faire concorder les taux de pertes avec les taux de décotes effectifs, ces derniers étant bien plus élevés.

Ainsi, le % total de décote des CDO au 30/09/09 est de 62 % pour le portefeuille de trading alors qu'il serait que bien moins élevé si on se contentait d'appliquer les taux de pertes cumulés annoncés. Par exemple, les taux de pertes fournis au 30 septembre 2009 pour les actifs subprime sous jacents induisent un taux de décote global de 16 % pour 72 % du portefeuille !

b1) provisions du portefeuille de CDO non couverts classé en prêts et créances pour un montant similaire à celui du troisième trimestre.

La provision du 3 ème trimestre 2009 s'élevait à - 334 millions d'euros.

Ce portefeuille d'exposition brute de 4,6 milliards d'euros fin septembre 2009 faisait partie, à hauteur de 4 milliards d'euros des 28,6 milliards d'euros transférés grâce aux amendements de fin 2008 à la norme comptable IAS 39. Ce qui avait permis à l'époque de limiter la casse au niveau des résultats fin 2008. Il semble que cette partie reclassé doive maintenant (enfin, depuis le 3 ème trimestre 2009) tout de même subir des pertes.

b2) un complément de provision lié à la baisse des taux de recouvrement de 50 % à moins de 40 %.

Pour une exposition brute on l'a vu au 30 septembre 2009 de 4 628 millions d'euros et sans évolution (des effets de change peuvent influer sur la valorisation, ainsi que la commutation avec un monoline, ce qui a été le cas au troisième trimestre 2009 pour 0,8 MdE environ), 10 % représentent 463 millions d'euros.

Le % total de décote s'élevait à 42 % au 30 septembre 2009 d'après la page 54 des Informations financières spécifiques.

c) évolution de la valorisation marked to market des CDS et réévaluation des passifs financiers chiffrées à -0,1 milliards d'euros par la Société Générale.

Au troisième trimestre 2009, on avait - 204 ME en marked to market des CDS, - 81 ME en réévaluation des passifs financiers en Taux changes et matières premières et -245 ME en Actions, soit un total de - 530 millions d'euros, bien supérieurs à ceux annoncés pour le 4 ème trimestre 2009.

Au total, on obtient

- 1400 = -13 - a2 ? - 334 - 463 - 100 soit a1 = -490 ? Or l'exposition nette du portefeuille de trading s'élevait à 546 millions d'euros fin septembre 2009.

Par conséquent, soit tout le portefeuille de trading ne vaut quasiment plus rien et alors l'annonce de la hausse du taux de perte de 13 à 15 % pour la partie subprime 2005 me fait doucement rigoler.

Soit d'autres actifs sont venus augmenter l'exposition brute du portefeuille de trading, notamment des sous-jacents de type CDO dépréciés eux à hauteur de 100 %. Ou bien du portefeuille reclassé en prêts et créances. Mais ce que la Société Générale aurait cru bon de ne pas dévoiler trop vite cet aspect gênant ?

Histoire de ne pas avouer que ses actifs toxiques croissent de ce côté ?

Comme l'écrit L'Agefi le 14 janvier 2010 dans « D'autres charges attendues en 2010 par la SocGen sur l'immobilier américain », la « bad bank » (qui devrait loger les actifs toxiques de la Société générale) annoncée serait donc en fait « autant destinée à accueillir de nouveaux actifs qu

à cantonner des pertes latentes déjà identifiées ».

http://www.agefi.fr/articles/Dautres-charges-attendues-2010-SocGen-limmobilier-americain-1121503.html

Curieusement, L'Agefi dans son article cite un analyste de Nomura qui ne permet pas de démontrer que de nouveaux actifs viendraient augmenter les actifs toxiques !

En effet, la Société Générale aurait fait savoir aux analystes que 700 millions d'euros de moins-values latentes pourraient être reconnues en 2010, ce qu'écrit L'Agefi, qui cite ensuite l'analyste de Nomura indiquant que les CDO pourraient être dépréciés à 30 ù au lieu de 41 %, ce qui ne permet pas de démontrer qu'il y aurait de nouveaux actifs toxiques. Et pourtant L'Agefi poursuit avec le citation ci-dessus concernant la future « bad bank ».

Démonstration dévoilée dans mon article !

Autre remarque, la Société Générale, d'après L'Agefi, aurait fourni des précisions aux analystes (« fait savoir aux analystes »), sauf qu'aucune présentation n'est en ligne sur le site de la banque à ce sujet. Est-ce bien normal ?

Ensuite, curieusement, aucune information n'a été fournie dans le communiqué du 13 janvier 2010 sur les pertes et décotes sur dérivés de crédit exotiques alors qu'elles ont représenté des montants bien plus conséquents que par exemple les 0,1 milliards d'euros de marked to market des CDS ou réévaluation des passifs financiers. Il y en avait pour - 364 millions d'euros au premier trimestre 2009, -718 au 2 ème et - 441 au 3 ème !

Par conséquent, le communiqué du 13 janvier 2010 de la Société Générale me laisse perplexe.

Quid également de l'impact favorable probablement (pour affirmer être en conformité avec les recommandations du G20 de septembre 2009) de la modification du package des rémunérations notamment des traders de la Société Générale ?

Comme on l'a observé pour Goldman Sachs, UBS et Crédit Suisse, rémunérer une part variable plus importante en actions sous conditions de manière différée a permis de diminuer convenablement les charges de rémunération comptabilisées au 4 ème trimestre 2009. Et donc d'améliorer les résultats !

Et cela représentait bien plus que 0,1 milliards d'euros !

Alors attention, si ce dernier point pouvait retourner la situation et permettre à la Société Générale d'annoncer des résultats meilleurs que prévus, alors on se retrouverait avec :

1) le 13 janvier 2010 un avertissement sur les résultats ;

2) le 18 février 2010, jour de l'annonce des résultats provisoires du 4 ème trimestre 2010, des résultats finalement améliorés par rapport à ceux annoncés dans l'avertissement ?

Le cours de la Société Générale a eu un plus bas à 48,6 euros et un plus haut à 50,2 euros le 13 janvier 2010. Depuis, le cours n'a cessé de baisser, pas seulement en raison des fondamentaux de la Société Générale bien entendu, mais également en raison de la crise de confiance envers la Grèce en particulier. Le 12 février, le cours de la Société Générale affichait un plus bas à 38,56 euros et un plus haut à 40,87 euros.

En janvier 2009, la Société Générale a déclaré à l'AMF 1,25 millions de titres achetés, 0,7 millions en février 2009.

En janvier 2010, 2 millions de titres ont été achetés du 25 au 29 janvier à un cours moyen de 42,99 euros.

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