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Investigation Financière Economique et Boursière
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5 juin 2009

Enquête pour comprendre les revenus de BNP Paribas au premier trimestre 2009 dans le Fixed Income Partie IV

Dans ce quatrième volet une revue de données de la BCE (Banque Centrale Européenne) et de la FED (Réserve Fédérale des Etats-Unis) est menée pour tenter de comprendre si les banques ont pu générer des revenus substantiels en lien avec les politiques monétaires des banques centrales.

1) Revue des politiques de financement de la FED (Réserve Fédérale des Etats-Unis) au quatrième trimestre 2008 et au premier trimestre 2009

La FED, périodiquement, propose un financement aux enchères selon la procédure de "Term Auction Facility".

La durée du financement est souvent de 28 jours ou bien de 84 jours. Le taux auquel la FED prête l'argent est lié au taux directeur de la FED. Ainsi, tout le premier trimestre 2009, ce taux s'est établi à 0,25 %. Au quatrième trimestre 2008, le taux est passé de 1,39 %, puis 1,11 %, a diminué de manière continue pour atteindre même 0,20 % sur 83 jours le 29 décembre 2008.

D'après les données de la FED, le nombre de contreparties intéressées (des banques) s'élevait autour de 80 au quatrième trimestre 2008, et à 100 au premier trimestre 2009, signe que les conditions offertes semblaient intéresser plus de monde début 2009.

Les montants des prêts acceptés sont proches de la centaine du milliard de dollars. Au premier trimestre 2009, tous les prêts ont dépassé ce niveau, avec un maximum à 142,4 milliards de dollars accordés pour la période du 12 février au 12 mars 2009.

Ce financement à 1 mois et moins de 3 mois est à court-terme.

Imaginons que les banques qui ont réussi à obtenir de tels montants à un coût de 0,25 % aient pu faire fructifier cet argent en le prêtant à nouveau (à des clients, à des entreprises, à des Etats) avec une marge de 1%, le gain estimé (sur la période du premier trimestre 2009), comme le montre le tableau suivant, s'élèverait à 0,6 milliards de dollars, à partager entre une centaine de banques.

Pas de quoi expliquer les bénéfices exceptionnels de trading de Bank of America par exemple.

Date de début

Durée jours

Montant

Taux

Gain estimé avec spread de 1 %

15/01/09

28

107,7

0,25 %

0,084

29/01/09

84

136,1

0,25 %

0,234

12/02/09

28

142,4

0,25 %

0,087

26/02/09

84

111,7

0,25 %

0,105

12/03/09

28

117,9

0,25 %

0,065

26/03/09

84

101,6

0,25 %

0,017

Total

0,592

Données chiffrées en milliards de dollars.

2) Revue des politiques de financement de la BCE (Banque Centrale Européenne) au quatrième trimestre 2008 et au premier trimestre 2009

Pour cette étude, je me suis appuyé sur les communiqués de presse hebdomadaires de la BCE fournissant la situation financière consolidée de l'Eurosystème pour les dates du 5 décembre 2008 au 3 avril 2009, ainsi que sur les bulletins mensuels de la BCE de janvier à mai 2009.

Le tableau suivant montre l'évolution récente des taux suite aux décisions de la BCE :

Taux d'intérêt BCE / date d'effet

15/01/09

11/03/09

08/04/09

13/05/09

Opération principale de refinancement

2,0 %

1,5 %

1,25 %

1,0 %

Facilité de prêt marginal

3,0 %

2,5 %

2,25 %

1,75 %

Facilité de dépôt

1,0 %

0,5 %

0,25 %

0,25 %

Dans le bulletin mensuel de janvier 2009, un commentaire sur les "loan-deposit margins" a attiré mon attention. Il s'agit de la différence entre les taux d'intérêt moyens des prêts et les taux d'intérêt moyens sur les dépôts. Selon la BCE, les "loan-deposit margins" permettent d'appréhender la capacité des banques à générer des revenus d'intérêt. Le récent déclin de ce type de revenus dans les banques est causé par une compétition plus intense et une courbe relativement plate des rendements observée ces dernières années. Je pense que ce type de marge concerne plutôt l'activité de prêt aux entreprises et aux particuliers dans les banques.

Dans le bulletin mensuel de février 2009, l'Eurosystème a poursuivi en janvier 2009 sa politique de mise à disposition de montants abondants de liquidité en utilisant ses procédures d'offre à taux fixe (fixed rate tender procedures with full allotment in its main refinancing operations and longer-term refinancing operations).

Selon la BCE, le volume de liquidité fourni au marché est uniquement déterminé par la demande des contreparties.

La BCE a remarqué que la volatilité sur les marchés des taux de change est à un niveau jamais observé fin 2008 et début 2009 depuis 1973 !

Cette remarque coïncide justement avec les commentaires de nombreuses banques indiquant des revenus de trading record dans les devises.

Dans le bulletin de mars 2009, il est noté un transfert des dépôts court terme vers des dépôts overnight, au regard de l'opportunité de baisse de leurs coûts.

C'est bien le signe d'un transfert du court-terme vers du encore plus court-terme !

Selon la BCE, il est noté que de nombreuses banques ont continué à rencontrer des difficultés à se financer sur le marché interbancaire au cours des trois périodes de maintenance revues (jusqu'au 21 janvier 2009). Elles ont alors continué à couvrir leurs besoins en liquidités à partir des opérations de refinancement de l'Eurosystème, comme la facilité de dépôt.

Dans le bulletin d'avril 2009, le demande de dépôts overnight s'est renforcée en février.

Au cours de la période de maintenance qui s'est terminée le 10 mars 2009, le taux EONIA (taux de rémunération des dépôts interbancaires du jour) est resté à des niveaux significativement en-dessous du taux d'intérêt des principales opérations de refinancement (main refinancing operations) dans une fenêtre de 63 et 77 points de base, permettant la fourniture d'abondantes liquidités.

La BCE a relevé que le 31 mars 2009, l'EONIA a tout d'un coup grimpé à 1,64 %, 14 points de base au-dessus du taux d'intérêt des principales opérations de refinancement, ce qui reflète selon elle une très forte pression de fin de trimestre. Le 1er avril, l'EONIA a retrouvé comme par enchantement son niveau du 30 mars !

Les banques ont-elles, en prévision de la clôture trimestrielle du 31 mars 2009, souhaité habiller de manière différente des jours précédents leurs bilans ? Hypothèse lancée intuitivement, afin que la possibilité de dégager des marges par rapport à l'EONIA grâce à la BCE ne se voit pas trop ?

Dans le bulletin de mai 2009, la BCE insiste sur le fait que sur les derniers mois les évolutions des dépôts à court terme proviennent de considérations de rémunération. La baisse des taux a entraîné un dégagement des dépôts court-terme en février et en mars.

La BCE relève que les banques ont indiqué qu'au premier trimestre 2009 l'accès au financement était toujours difficile, excepté sur le très court-terme pour une majorité.

Ces éléments incitent à étudier de plus près sur le premier trimestre 2009 les actions de refinancement de l'Eurosystème.

Les concours nets accordés par l'Eurosystème aux établissements de crédit au premier trimestre 2009 oscillent entre 500 et 650 milliards d'euros environ. Le mois de décembre 2008 présente des ordres de grandeur similaires.

Parmi ces concours, il y a les opérations principales de refinancement (MRO, 200 à 250 milliards d'euros au premier trimestre 2009, plus importantes encore en décembre 2008, parfois plus de 300 milliards d'euros), qui sont hebdomadaires. Des opérations de financement à plus long terme, spéciales sont ponctuellement mises en place, 50 ou 100 milliards d'euros.

Les facilités de dépôt sont très variables, elles s'élèvent selon la situation financière consolidée de l'Eurosystème au 27 mars 2009 à 45,1 milliards d'euros la semaine, le chiffre est de 315,3 milliards d'euros la semaine selon la situation financière consolidée de l'Eurosystème au 9 janvier 2009. La moyenne sur le premier trimestre 2009 s'élève à 142 milliards d'euros. Les facilités de dépôt du mois de décembre 2008 sont souvent plus élevées, avec une moyenne de 211 milliards d'euros.

Les facilités de prêt marginal sont plus faibles et restent inférieures à 10 milliards d'euros.

Quelques écarts de spread moyens entre taux d'intérêt EONIA et celui des principales opérations de refinancement de l'Eurosystème ont été fournis par la BCE : - 27 points de base au cours de la semaine de maintenance s'achevant le 20 janvier 2009, - 72 points de base pour celle s'achevant le 10 mars 2009.

Si on estime un écart moyen de 60 points de base et qu'on l'applique à une moyenne estimée de 200 milliards d'euros sur 3 mois, on obtient une marge théorique de 300 millions d'euros à se partager entre les banques. Pas de quoi expliquer les résultats de trading sur les taux des banques au premier trimestre 2009.

Synthèse de ce qui précède dans ce troisième volet de l'enquête sur l'origine des revenus de Fixed Income à BNP Paribas au premier trimestre 2009

Retenons par conséquent qu'il semble que les politiques monétaires accommodantes de la FED et de la BCE ont pu permettre des opportunités de bénéfices par les banques à partir de financements obtenus à bon prix en les replaçant à court-terme sur l'EONIA par exemple. Mais les montants en jeu ne semblent pas expliquer les milliards d'euros de gains de trading par les banques sur les taux et les devises.

Retenons également que la BCE a bien noté des conditions de volatilité exceptionnelles sur les devises au premier trimestre 2009, de même qu'une remontée spectaculaire de l'EONIA le seul 31 mars 2009, date de clôture des trimestriels des banques !

A suivre, la cinquième et dernière partie ...

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