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Investigation Financière Economique et Boursière
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10 avril 2009

Mieux comprendre la crise financière actuelle Partie I

Mieux comprendre la crise financière actuelle

Partie I Etude des ordres de grandeur des pertes liés à la crise des subprimes et des pertes liées à la crise financière mondiale. Recommandation sur les actifs toxiques.

L'objet de cet article n'est pas d'expliquer l'ampleur actuelle de la crise financière mondiale. Un autre article pourra éventuellement se pencher sur la question.

Il s'agit de bien mettre en évidence les ordres de grandeur d'une part de la crise dite des subprimes, d'autre part de la crise financière mondiale.

La première est à l'origine de la deuxième, avec la contribution, de nombreux paramètres, comme la titrisation, les agences de notation, les normes comptables, sans être exhaustif.

Les plans d'aide gouvernementaux sont massifs et m'ont semblé ne pas correspondre avec les pertes potentielles réelles passées et futures sur l'immobilier américain, à l'origine de la crise.

Pourquoi ne pas soumettre l'octroi des aides à des conditions de dénouement des instruments financiers qui ont été créés ? Le G20 n'aurait-il pas pu aller dans ce sens ?

Je m'explique.

La crise des subprimes c'est 100. La crise financière c'est 5 000, parce que dans les 5 000 les 100 ont été inclus mais transformés de telle sorte que les 5 000 sont devenus suspects alors que les 4 900 restants ne sont pas concernés par la crise initiale. Il suffirait donc de dénouer l'ensemble des instruments financiers créés (parfois à plusieurs étages) pour identifier la partie qui présente un problème, l'isoler, et alors ce qui était toxique ne le serait plus.

Mais cela suppose de ne pas donner de valeur (octroyer une partie des aides) à des boîtes noires.

Avant d'aider quoi que ce soit et qui que ce soit, il convient de geler tous ces instruments, de les comprendre, de les identifier jusqu'à leur niveau le plus basique, et ensuite d'y affecter des aides.

Si on n'agit pas ainsi, alors des fortunes immenses vont se faire en un clin d'oeil, parce que ceux qui sentent ou savent qu'un boîte noire n'est pas si pourrie que cela vont l'acheter à un prix très décoté pour en retirer un bénéfice substantiel.

Plus l'écart entre les pertes réelles des sous-jacents (immobilier américain, mais pas seulement) des instruments financiers supposés toxiques et les pertes actuelles de valorisation des instruments financiers supposés toxiques est élevé, plus cela donne une idée des fortunes potentielles qui pourraient se faire (parfois par les établissements financiers qui détiennent eux-mêmes des actifs toxiques) dans les mois qui vont suivre.

Pour se faire une idée de l'ordre de grandeur de la différence, il convient d'apporter une réponse aux deux questions suivantes.

1. Quel est l'impact financier de la crise des subprimes US ?

2. Quel est l'impact financier de la crise financière mondiale ?

La compréhension (question que je me suis posée récemment) du décalage entre les ordres de grandeur de la crise des subprimes aux Etats-Unis et de la crise financière actuelle n'est pas nouvelle.

Publié en février 2008 (1), "si lincertitude avait été limitée aux investissements hypothécaires subprime, compte tenu de la taille relativement modeste de ce secteur, le système financier aurait pu absorber les pertes sans grand dommage. Or, les investisseurs ont commencé à sinterroger sur la valorisation de la multitude dautres produits de crédit, pas simplement hypothécaires, qui avaient été structurés de la même manière que les investissements subprime. En conséquence, lincertitude a gagné lensemble du marché du crédit. ... En fin de compte, le choc des subprime est de faible ampleur ; ce sont les réactions des investisseurs saisis de panique qui lui ont fait prendre de limportance."

Toujours en février 2008 (2), "cette version moderne dune crise de confiance se diffusant en cascade dans léconomie montre comment un choc important frappant un petit segment du marché immobilier américain est, en fin de compte, devenu une menace pour lintégralité du système financier."

Publié en novembre 2008 (3), "What Explains the Size of the Losses? Why Could Something So Small Overthrow the World Financial System?", qu'est-ce qui explique la taille des pertes ? Pourquoi quelque chose de si petit a-t-il pu mettre en péril l'ensemble du système financier de la planète ?

Tentons de fournir quelques données chiffrées permettant de mieux appréhender les ordres de grandeur respectifs.

1. Quel est l'impact financier de la crise des subprimes US ?

1.1 Ordre de grandeur des prêts hypothécaires subprime et autres

Tout d'abord, les prêts hypothécaires à risque dits "subprime" ou "Alt-A" ne représentent qu'une partie des prêts hypothécaires.

La part de crédits "subprime" et "Alt-A" dans la création de crédits hypothécaires aux Etats-Unis est passée d'un niveau proche de 10 % (5% pour le Alt-A) en 2003 à 16% (15% pour le Alt-A) en 2004 jusqu'à 20 % (20% pour le Alt-A) en 2006.

Leur augmentation a certes contribué à la dégradation observée depuis quelques années du taux de défaillance des prêts hypothécaires, mais ils n'en représentent qu'une partie.

C'est l'impact financier total des pertes passées ou à venir sur le marché immobilier hypothécaire US qu'il convient d'estimer.

Selon une publication de fin 2007 (4), le marché des titres adossés à des crédits hypothécaires s'élevait à 6 trillions de dollars, dont 20 % seraient des subprimes.

Selon (5), le total des crédits subprime aux Etats-Unis représenteraient 13 % du total des crédits hypothécaires, soit 1 300 milliards de dollars.

Selon Inside Mortgage Finance ((6) publication de début 2007), les crédits subprime représenteraient 12,75 % du marché des 10 000 milliards de dollars des crédits hypothécaires contre 8,5 % en 2001.

D'après (3), le total des crédit hypothécaires s'élèverait à 13 000 milliards de dollars.

Le site de la Fed (Réserve Fédérale des Etats-Unis (7)) permet de mieux appréhender la distinction entre :

- les crédits hypothécaires, cumulant 14,6 trillions de dollars fin 2008. Fin 1999, le niveau total s'élevait à 6,4 trillions de dollars. De 2004 à 2007, les augmentations annuelles ont dépassé le trillion de dollars.

Dans ce total, le crédit hypothécaire résidentiel s'élève à 11,9 trillions de dollars fin 2008 et fin 2007; 10,1 fin 2005.

- les titres comprenant des crédits hypothécaires résidentiels, cumulant 6,5 trillions de dollars fin 2007, contre 3,9 trillions de dollars fin 2003.

Retenons donc un ordre de grandeur de 12 trillions de dollars pour le montant des crédits hypothécaires résidentiels US. Nous verrons par la suite qu'il sera nécessaire d'estimer également la part subprime. Retenons la source (5), soit 13 % de 12 = 1,5 trillions de dollars environ.

1.2 Ordre de grandeur du nombre de maisons en vente suite à la défaillance de crédits hypothécaires

D'après une publication de mars 2009 (8), une baisse du prix de l'immobilier de 5 % selon First American CoreLogic pourrait mettre 2,2 millions d'emprunteurs américains en difficulté, à comparer aux 8,3 millions dans ce cas au quatrième trimestre 2008.

Il convient donc d'estimer quel pourrait être l'impact d'une dégradation accrue du marché de l'immobilier aux Etats-Unis.

Le nombre de maisons aux Etats-Unis mises en vente en raison de défauts sur des prêts hypothécaires est une statistique disponible sur realtrac.com.

Fin 2008 (9), 2,3 millions de maisons (augmentation de 45 % par rapport à 2007) sont ainsi recensées pour 3,2 millions de dossiers de "forclosure" (défaillance de remboursement d'un crédit hypothécaire).

Fin 2007, le nombre de propriétés en question s'élevait à 1,3 millions (augmentation de 75 % par rapport à 2006) ce qui représentait 1 % du total des maisons.

La tendance début 2009 persiste dans la dégradation des statistiques.

Ainsi, en février 2009, le nombre dossiers de "forclosure" s'est élevé à 290 631 (le 3 ème total le plus mauvais historiquement !), soit une augmentation de 6% par rapport à janvier 2009 et de 30 % par rapport à février 2008 en dépit du moratoire sur les saisies.

L'hypothèse est forcément simpliste, ne serait-ce que parce qu'entre fin 2007 et fin 2008 (et à fortiori avant) les données statistiques fournies par RealTrac n'indiquent pas la part des maisons qui ont été effectivement vendues et ne sont donc plus recensées comme telles, alors qu'une décote réelle de prix a pu être ainsi générée.

Retenons tout de même un ordre de grandeur de 3 millions de maisons en vente suite à la défaillance de crédits hypothécaires.

1.3 Ordre de grandeur de la décote à appliquer aux maisons en vente, prix de l'immobilier

D'après une publication de mars 2008 (11), le prix médian des maisons de l'Etat de Californie en janvier 2008 a diminué de 22 % à 430 370 $, selon California Association of Realtors.

Hors de question d'aller chercher dans tous les Association of Relators des 50 Etats des USA ce qu'il en est aujourd'hui ou d'estimer également le nombre de maisons devant être vendues après saisies Etat par Etat.

Les estimations de cet article cherchent un ordre de grandeur, pas une précision d'horloger.

Néanmoins, d'après les statistiques de Standard & Poor's de mars 2009 (12), le prix médian des maisons en vente s'est établi à 164 600 $ en février 2009, contre 205 000 $ fin décembre 2007, soit une baisse de 20 %.

D'après (3), l'évolution des prix de l'immobilier US ces dernières années serait la suivante, pour une base 100 au premier trimestre 2000 :

année indice évolution/n-1

2000 103,77 + 9,50%

2001 112,69 + 8,60%

2002 122,24 + 8,50%

2003 134,2 + 9,80%

2004 152,92 + 13,90%

2005 176,7 + 15,60%

2006 189,93 + 7,50%

2007 183,56 -3,60%

2008 155,32 -15,30%

Table 1: S&P/Case-Shiller U.S. National Home Price Index (Q1 2000 = 100)

D'après une publication d'octobre 2008 (13), "l

évolution récente des prix des logements aux États-Unis a conduit à croire quune bulle sétait formée sur le marché de limmobilier au cours de la période de 2000 à 2005, et quelle est en train de se dégonfler. Selon lindice Nationwide, les prix des maisons, mesurés par lindice OFHEO, ont progressé, pendant la période observée, à un taux annuel moyen de 8 % en termes nominaux et de 5,5 % en termes réels. Par comparaison, en 2006-2007, ils se sont accrus en moyenne de 2,8 % en termes nominaux et ont été pratiquement stables en termes réels."

Ces deux sources apparaissent cohérentes.

D'après (3), la valeur de l'immobilier résidentiel aux Etats-Unis serait comprise entre 20 000 et 30 000 milliards de dollars.

Retenons comme ordre de grandeur un intervalle de décote de prix de 20 à 30 % du prix des maisons en vente.

1.4. Calcul de l'estimation de l'impact financier de la crise des subprimes US

Le FMI a effectué des estimations publiées en octobre 2007, avril 2008 et octobre 2008, qui ne concernent pas seulement le crédit hypothécaire résidentiel, mais aussi le commercial, l'ensemble des prêts (consommation, prêts aux entreprises).

L'estimation d'octobre 2008 montre un total de pertes estimées de 1,4 trillions de dollars, dont 0,4 sur les prêts et 1,0 sur les instruments financiers.

Sur le total de 425 milliards de dollars de pertes estimées sur les prêts, le résidentiel cumule 170 milliards de dollars, dont 50 sur le subprime, 35 pour le Alt A et 85 pour le prime.

Selon le FMI (14), d'autres estimations ont été effectuées, plus pessimistes.

La Banque d'Angleterre estime les pertes liées aux instruments financiers dérivés de crédits hypothécaires subprime sur le marché résidentiel US comprises entre 317 et 380 milliards de dollars.

L'estimation de l'OCDE (422 milliards de dollars) concerne les pertes liées aux instruments financiers dérivés de crédits hypothécaires sur le marché résidentiel US.

Avec mes propres hypothèses (ordre de grandeur de 12 trillions de dollars pour le montant des crédits hypothécaires résidentiels US dont 1,5 subprime, ordre de grandeur d'une décote de prix des maisons de 20 % ou 30 %, apport en capital de 5 % pour les subprimes, 45 % pour le reste (a)), la perte estimée devient :

Pour le prime, il faudrait une chute des prix de l'immobilier de plus de 45 % pour que la vente du bien ne couvre pas le crédit hypothécaire.

Décote de 20 % :

1 500 x 15 % = 225 milliards de dollars

Décote de 30 % :

1 500 x 25 % = 375 milliards de dollars

(a) Selon un rapport du Fonds Monétaire International d'avril 2008 (15), même avec le déclin des prix de l'immobilier, l'apport en capital pour des ménages moyens représente entre 40 à 50 % de l'achat total, contre 5 % pour les emprunteurs de type "subprime". Ce chiffre me semble élevé toutefois.

Autre approche, par le nombre estimé de maisons en vente et leur prix moyen estimé.

L'ordre de grandeur du nombre de maisons en vente suite à la défaillance de crédits hypothécaires est de 3 millions.

Le prix moyen d'une maison aux Etats-Unis est estimé entre 200 000 et 300 000 dollars, une décote de 25 % représente respectivement 50 000 et 75 000 dollars.

En conséquence, la perte estimée devient :

3 x 50 = 150 ou 3 x 75 = 225 milliards de dollars.

Les ordres de grandeur obtenus (de 150 à 375 milliards de dollars) des pertes estimées sur les prêts hypothécaires résidentiels US par ces deux méthodes sont cohérents avec les estimations basses du FMI et les estimations plus pessimistes de l'OCDE et de la Banque d'Angleterre.

2. Quel est l'impact financier de la crise financière mondiale ?

Plusieurs axes d'étude sont possibles :

- l'ordre de grandeur des instruments financiers qui ont intégré des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, les rendant toxiques ;

- l'ordre de grandeur des pertes passées et estimées des banques qui détiennent des instruments financiers toxiques ;

- l'ordre de grandeur des plans d'aides d'Etat aux établissements financiers qui détiennent des instruments financiers toxiques ;

- l'ordre de grandeur des pertes sur les bourses mondiales.

2.1 Ordre de grandeur des pertes sur instruments financiers qui ont intégré des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, les rendant toxiques

Les instruments financiers toxiques ne comprennent pas seulement des crédits hypothécaires subprime US.

Citant un article récent des Echos (16), "les actifs "toxiques sont souvent des dérivés d'emprunts immobiliers dits "subprime", mais pas seulement. Les analystes s'accordent à dire que pendant la bulle de crédit qui a sévi jusqu'à 2006, les actifs toxiques ont concernés bien d'autres classes d'actifs : dettes d'entreprises, notamment pour des rachats à effet de levier (LBO), crédit aux particuliers... A cela, il faut ajouter les actifs devenus "toxiques" du fait de la dégradation brutale de la conjoncture depuis la fin 2008."

D'après une publication de novembre 2008 (3), les crédits hypothécaires aux Etats-Unis s'élèveraient à 1 100 milliards de dollars, et les pertes des titres adossés à des crédits hypothécaires subprime seraient estimées à 500 milliards de dollars.

D'après (17), les crédits hypothécaires s'élèvent à 14 trillions de dollars (source Réserve Fédérale Américaine flow of funds). Le document estime que les crédits subprime sont inférieurs à 1 trillion de dollars. Même si le taux de défaillance des emprunteurs croît fortement, les pertes pourraient être de l'ordre de 100 à 200 milliards de dollars. Bien moins que les 58 trillions de valorisation de l'immobilier US ou de la capitalisation boursière aux US !

Les estimations de pertes du FMI d'octobre 2008 (14) s'élèvent à 1,4 trillions de dollars, dont 1 trillion (720 milliards de dollars pour l'estimation d'avril 2008 (15)) sur les instruments financiers, mais la part relevant des crédits hypothécaires n'est pas clairement identifiée, hormis le prime MBS (80, 0 en avril 2008) et les CMBS (160, 210 en avril 2008).

D'après un rapport du FMI d'octobre 2008 (14), les pertes sur les prêts et les instruments financiers aux Etats-Unis sont maintenant estimées à 1,4 trillion de dollars et non plus 1 trillion, selon l'estimation d'avril 2008. La dégradation concerne beaucoup de lignes, les pertes estimées sur prêts passent de 225 à 425 milliards de dollars. Celles sur instruments financiers sont maintenant estimées à 980 milliards de dollars contre 720 en avril 2008. Les pertes des banques seraient comprises entre 725 et 820 milliards de dollars.

D'après une estimation récente du Fonds Monétaire International (FMI) (16), le total des actifs "toxiques" des banques et assureurs serait réévalué à 4.000 milliards de dollars, selon le Times de Londres, dont 3 100 en provenance des Etats-Unis et 900 d'Europe et d'Asie.

D'après (18), l'émission nominale des instruments de crédit a été multipliée par 12 entre 2000 et 2006, pour passer de 250 milliards de dollars à 3 000 milliards de dollars, en totalisant les titres adossés "à des créances hypothécaires (mortgage-backed securities

MBS), les titres adossés à des actifs (asset-backed securities ABS), les titres adossés à des créances hypothécaires sur limmobilier commercial (commercial mortgage-backed securities CMBS) et les titres représentatifs de portefeuilles de créances bancaires (collateralised debt obligations

CDO) qui sont eux-mêmes des investissements à effet de levier en crédits hypothécaires et en titres de dette privée à haut rendement."

D'après un rapport du FMI d'avril 2008 (15), l'émission de produits structurés aux USA et en Europe seraient passées de 500 milliards de dollars en 2000 à 2 600 en 2007, le chiffre s'élevant pour les CDO (Collaterized Debt Obligations) de 150 à 1 200.

Cela donne une idée de la croissance exponentielle de la titrisation les années précédant la crise financière mondiale.

2.2 Ordre de grandeur des pertes passées et estimées des banques qui détiennent des instruments financiers toxiques

Selon (3), en septembre 2007, les dépréciations des institutions financières s'élevaient à 760 milliards de dollars, dont 580 pour les banques.

D'après (5), fin 2007, les pertes des institutions financières étaient estimées entre 220 et 450 milliards de dollars.

D'après (13), "la caractéristique la plus marquante des turbulences actuelles réside dans le fait que les pertes de crédit sont jusqu

à présent restées assez limitées. Selon les estimations disponibles, elles sélèvent à quelque 50 milliards de dollars à fin juillet 2008. En revanche, le montant des dépréciations sur les actifs représente environ 425 milliards de dollars à la même date, soit près de 90 % des pertes totales enregistrées par le secteur bancaire."

D'après un rapport du FMI d'avril 2008 (15), à mi-mars 2008, les banques ont déclaré 190 milliards de pertes liées à leur exposition au marché hypothécaire américain. De telles pertes correspondraient à l'application de la règle comptable "mark to market" (valeur de marché) et pourraient selon le rapport être ultérieurement recouvrées. D'après le rapport, la grande partie des pertes de ce type auraient été enregistrées.

D'après un rapport du FMI d'octobre 2008 (14), les dépréciations enregistrées s'élèveraient à 760 milliards de dollars à fin septembre 2008, dont 580 pour les banques, 100 pour les compagnies d'assurance. 55 % des pertes connues auraient été comptabilisées par les institutions financières.

Leur exposition nette au subprime totaliserait 740 milliards de dollars, répartis à 53 % dans les banques US et à 41 % dans les banques européennes.

Selon un article récent des Echos (16), "Goldman Sachs évaluait, dans une étude rendue publique le 25 mars, les pertes potentielles des banques de la zone euro à 922 milliards d'euros, en tenant compte de leur exposition à l'Europe centrale et orientale et aux Etats-Unis. Sur ce montant estimé, un tiers environ a déjà été reconnu, ce qui revient à dire que les banques de la zone euro auraient encore 600 milliards d'euros de pertes à déclarer."

2.3 Ordre de grandeur des plans d'aides d'Etat aux établissements financiers qui détiennent des instruments financiers toxiques

En octobre 2008 le Congrès US a approuvé un plan d'aide de 700 milliards de dollars.

Un plan de résorption de 1 000 milliards de dollars (500 dans un premier temps) d'actifs toxiques des banques a été récemment (19) présenté par Tomothy Geitner, le secrétaire au Trésor de l'administration Obama

Selon le tableau de bord des aides d'Etat récemment mis à jour par la Commission des Communautés Européennes (20), le volume de recapitalisation examiné jusqu'au 31 mars 2009 s'élève à 274 milliards d'euros.

2.4 Ordre de grandeur des pertes sur les bourses mondiales

D'après (3), les pertes sur les marchés de juin 2007 à septembre 2008 (source World Federation of Exchanges http://www.world-exchanges.org/WFE/home.asp?menu=395&nav=ie

) se seraient élevés à 15 trillions de dollars, dont 3 sur le seul New York Stock Exchange. Depuis septembre 2008 les marchés se sont encore dégradés. La crise financière s'est muée en crise économique mondiale.

D'après un rapport du FMI d'avril 2008 (17), les capitalisations boursières des banques ont décliné de 720 milliards de dollars à mars 2008, une fourchette de 105 à 130 milliards de dollars est estimée pour les compagnies d'assurance.

CONCLUSION

Ordre de grandeur de l'impact financier de la crise des subprimes US ? De 150 à 400 milliards de dollars.

Ordre de grandeur de l'impact financier de la crise financière mondiale ? Je retiens l'ordre de grandeur des plans d'aide d'Etat ( > 1000) et celui de la dernière estimation par le FMI du montant des actifs toxiques (4 000), le ou les milliers de milliards de dollars, même si la nature des actifs toxiques concernés dépasse le seul crédit hypothécaire US.

L'écart est saisissant. Qui va en profiter ?

BIBLIOGRAPHIE

(1) Les chaises musicales : un commentaire sur la crise du crédit, Ricardo J Caballero MIT Arvind Krishnamurthy Northwestern University, Numéro spécial liquidité Février 2008 Banque de France Revue de la stabilité financière

(2) Dix questions à propos de la crise des prêts subprime, Barry Eichengreen Professeur d'Economie et de Sciences Politiques Université de Californie, Berkeley, Numéro spécial liquidité Février 2008 Banque de France Revue de la stabilité financière

(3) Systemic Risk in the financial Sector, An analysis of the Subprime Mortgage Financial Crisis, MPI Collective Goods, Martin Hellwig, Novembre 2008

(4) http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/7073131.stm, 21 November 2007

(5) Editorial The subprime crisis, Banque de France, Bulletin Digest n°163, juillet 2007

(6) http://business.timesonline.co.uk/tol/business/industry_sectors/banking_and_finance/article1431716.ece, 24 février 2007

(7) http://www.federalreserve.gov/econresdata/releases/mortoutstand/mortoutstand20090331.htm

(8) http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601103&sid=a.r81zAhO1so&refer=us, 12 mars 2009

(9) http://www.realtytrac.com/ContentManagement/pressrelease.aspx?ChannelID=9&ItemID=5681&accnt=64847, 15 janvier 2009

(10) http://www.realtytrac.com/ContentManagement/pressrelease.aspx?ChannelID=9&ItemID=5982&accnt=64847, 12 mars 2009

(11) http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=newsarchive&sid=a4BfFsSp0z08, 20 mars 2008

(12) Standard & Poor's Residential Real Estate Indicators, mars 2009

(13) Valorisation et fondamentaux, Laurent Clerc, Banque de France, Banque de France Revue de la stabilité financière n°12, octobre 2008

(14) FMI Global Financial Stability Report, Octobre 2008

(15) FMI Global Financial Stability Report, Avril 2008

(16) Les actifs toxiques des banques pourraient totaliser 4 000 milliards de dollars, http://www.lesechos.fr/info/finance/300341407-les-actifs-toxiques-des-banques-pourraient-totaliser-4-000-milliards-de-dollars-selon-le-fmi.htm, Nicolas Madelaine, Les Echos, 7 avril 2009

(17) Liquidity and financial contagion, Tobias Adrian, Federal Reserve Bank of New York, Hyun Song Shin Princeton University, Banque de France, Financial Stability Review, Special issue on liquidity No. 11, February 2008

(18) Qu'est-il devenu de la dispersion du risque ?, Peter R. Fisher Managing Director Blackrock Inc,

Banque de France, Revue de la stabilité financière n°11, février 2008

(19) Obama s'attaque aux actifs toxiques des banques, AP 23 mars 2009, http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/etats-unis/200903/23/01-839164-obama-sattaque-aux-actifs-toxiques-des-banques.php

(20) Tableau de bord des aides d'Etat, mise à jour printemps 2009, Commission des Communautés Européennes, 8 avril 2009

GLOSSAIRE SUCCINCT

ABS Asset Backed Securities

Titres adossés à des actifs

CDO Collateralised debt obligations

Iitres représentatifs de portefeuilles de créances bancaires

CMBS Commercial Mortgage-Backed Securities

Iitres adossés à des créances hypothécaires sur l'immobilier commercial

Prêts hypothécaires dits "subprime"

Prêts consentis à des débiteurs de faible qualité ou à des débiteurs qui seraient considérés comme solvables sils contractaient un prêt moins important.

Prêts hypothécaires dits "Alt-A"

Prêts accordés à des emprunteurs dont l'enquête de crédit n'est pas satisfaisante.

RMBS Residential MortgageBacked Securities

Titres adossés à des créances hypothécaires

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